Gestation - NYX (Intégrale) par NicoBax
Le marché des comics a eu pas mal de soucis il y a quelques années, la jeune génération d'alors s'étant massivement plongée dans les séries japonaises au détriment des histoires de super-héros en tout genre made in USA. Marvel a donc l'idée de lancer une gamme de comics au design mangaïsant dont on peut dire que Nyx est le fruit (bien qu'il ne soit pas fait allusion à la ligne Tsunami dans cette version française).
Visiblement en France, Marvel a aussi envie de profiter du goût du public pour les productions nippones et cherche en même temps à aller piquer à la bédé franco-belge quelques lecteurs. Nyx parait donc en grand format, couverture cartonnée et prix en conséquence (15€).
La 4ème de couv' expose le principe de Nyx. Les mutants ne sont pas tous des X-Men et ne passent pas forcément par l'école du Professeur Xavier, souvent ils sont laissés livrés à eux-mêmes et se retrouvent dans des situations que leur jeune âge ne leur permet pas d'appréhender au mieux (rappelons le, la mutation se révèle généralement au moment de l'adolescence).
Il s'agira ici de Kiden, une ado rebelle et mal dans sa peau qui a assisté à la mort de son père, policier, dans un drive by. Lors d'une bagarre avec d'autres lycéens, son pouvoir se manifeste pour la première fois : elle peut arrêter le temps et s'y mouvoir normalement sans ressentir ni faim ni soif. Il lui suffit de toucher quelqu'un pour que le temps reprenne son cours normal. Cette première expérience sera douloureuse puisque involontairement, elle causera la blessure par balle d'une de ses profs. Rongée par le remord, l'adolescente fugue et se réfugie chez la dite prof, traumatisée par l'accident.
Elle découvre bientôt qu'elle a un autre pouvoir : celui de voir son défunt père qui lui donne des indications mystérieuses qui se révèlent toujours être vitales pour quelqu'un. C'est ainsi que Kiden et son aînée font la connaissance d'une jeune prostituée peu loquace au look gothique visiblement portée sur le SM.
Tout le problème des histoires courtes (Nyx ne fera que deux tomes), c'est qu'en racontant les bases, on a le sentiment d'avoir tout dit. Du moins c'est le cas pour ce premier tome. Il y a une impression d'inconsistance qui domine à sa lecture, en plus d'une tendance assez lourdingue au racolage adolescent.
C'est en effet un peu too much dans les clichés trash. La pauvre petite Kiden vit dans un quartier qui s'est dégradé à toute vitesse, elle aguiche en boite avec ses pantalons taille basse (Joshua Middleton ne manque pas de lui faire prendre des poses suggestives ou de la montrer en petite culotte), elle se drogue, elle se bagarre et elle est incomprise même si au fond, elle aime sa maman et ne veut faire de mal à personne. Elle a une copine latina et s'embrouille avec des gangsters qui arrivent à faire entrer des armes au lycée. Bout à bout et en aussi peu de pages, c'est un chouya trop artificiel et calculé, ce qui n'est pas forcément surprenant quand on sait que c'est Joe Quesada, rédacteur en chef de Marvel, qui est aux manettes.
Le dessin de Middleton quant à lui tient plutôt bien la route pour peu qu'on soit sensible à son style manga-aquarelles. Toutefois, on peut lui reprocher d'être un peu trop statique, dans un style "capture d'écran" de dessin animé qui fait perdre à ses planches beaucoup de leur dynamisme.
Ce premier tome de Nyx manque un peu d'enjeu. Clairement destiné à un public ado, on a du mal à y trouver pleinement son compte. La jeune fille représentée sur la couverture ne fait qu'une brève apparition alors qu'elle semble être le vrai fil conducteur de cette histoire. On peut s'inquiéter de la conclusion de celle-ci sachant qu'elle devrait se faire dans le prochain tome.
Qu'en espérer donc ? Soit Nyx n'est qu'un prélude à une série plus ambitieuse autour des deux jeunes mutantes, soit c'est uniquement un produit fast food destiné à attirer l'ado otaku sur les terres de Marvel. Dans les deux cas, c'est encore loin d'être indispensable.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mutants