Un manga de référence sur le robot géant à la Goldorak !

Ceci n'est pas une critique du seul premier tome, mais des trois tomes du manga !
Go Nagai a inventé le manga du robot géant piloté de l'intérieur avec Mazinger Z, tandis qu'en version animée Goldorak son meilleur aboutissement bien qu'il n'ait pas eu un vif succès au Japon a eu un succès fou en France. Problème, le scénario de Goldorak n'est pas de Go Nagai et les mangas correspondants à Goldorak sont chaotiques et ne ressemblent pas à l'animé.
Les un après les autres les animés et mangas de robots géants pilotés de l'intérieur sont désespérants. Rien d'équivalent à Goldorak, si ce n'est Mazinger Z et Great Mazinger à ceci près que si les animés ont eu plus de succès que Goldorak au Japon ils le doivent à leur antériorité et à leur scénario. Au plan de la réalisation, ils sont très cheap. Mazinger Z a vécu en termes d'animation, alors qu'on peut encore regarder Goldorak. En revanche, je ne connais pas Getter robot en animé. Du côté des mangas, Go Nagai est un époustouflant génie de ses débuts en 1968 aux débuts de Mazinger Z en 1972. Il a un chef-d'oeuvre universel à son actif Devilman et il a réussi plusieurs titres L'Ecole impudique, Cutie Honey et l'inachevé Mao Dante avait un énorme potentiel qui n'empêcha pas son abandon pour Devilman. J'aimerais connaître d'autres mangas inédits en France de Go Nagai, notamment Violence Jack mais pas seulement ! Puis, Kekko Kamen est excellent à lire et prouve qu'il a su produire de bonnes chances ultérieurement sans parler de sa version de La Divine comédie et de son Utamaro. Mais, pour les mangas de robots géants, Mazinger Z a un début de folie, avant de subir la loi de n'être plus qu'un produit de valorisation de l'animé. Le manga est incohérent. Il finit par se contredire pour correspondre à l'animé et il a une fin qui ne ressemble à rien. Great Mazinger qui tient un un volume n'est pas bon. La version de Goldorak attribuée à Go Nagai n'a que quelques chapitres de départ et des cadeaux bonus avant d'être laissée à quelqu'un d'autre sans que nous ayons droit à son édition complète en France. Les mangas Jeeg et autre sont des scénarios trop speedés, les cross overs et remakes sont désespérants de Goldorak ou autres licences. Bref, Go Nagai est l'inventeur des mangas de robots géants pilotés de l'intérieur mais il n'en a jamais écrit un seul qui à la fois serait cohérent jusqu'au bout et surtout bien posé. La quasi exception est Getter Robot. Le manga est composé à deux avec apparemment Go Nagai au scénario et Ken Ishikawa au dessin dans le partage strict des rôles.
Ken Ishikawa singe complètement la manière de dessiner de Go Nagai jusqu'à sa maladresse dans les proportions et ces airs d'amateur. Dès les premiers chapitres, le personnage secondaire féminin de Michiru a des airs de Picasso du pique-assiette avec les yeux qui louchent dans une tête où la 3D est aplatie. Et je ne parle pas des règles de l'anatomie si drolatiquement envisagées dans certaines scènes de combat entre humains.
Malgré tout, comme dans les mangas dessinés par Go Nagai, on a du plaisir esthétique. Ishikawa a même une spécificité en matière de robot, puisqu'il choisit de dessiner des tuyaux et boulons qui rendent le robot quelque peu organique. On dirait un corps décharné. Malgré le dessin à forte allure non seulement caricaturale mais d'enfant amateur qui écrit sa BD, beaucoup de dessins pleine page ou même de cases font office de tableaux efficaces. On a des jeux sur les personnages comme deux ombres qui surdéterminent un cadre à l'éclairage normal. On a des jeux de personnages qui sortent de la limite des cases. On a des séries de cases qui créent des dynamiques autour du motif répété des yeux, des images qui se répondent avec des lignes obliques de plongées et contre-plongées. C'est à l'ancienne, mais on a notre compte en fait d'effets esthétiques.
Pour l'histoire, elle est un peu en dents de scie. Il y a de l'humour et de la baston pour ceux qui sont vraiment bon public. Ce côté rudimentaire, c'est aussi très années 70. Le scénario est un peu pauvre et fait regretter que Mazinger Z ait cessé d'être un projet sérieux après quelques chapitres. L'originalité scénaristique serait dans le fait que le robot résulte de l'assemblage de trois navettes. Franchement, je suis loin d'y trouver mon compte. C'était le premier à faire ça, mais je ne sais pas, je n'ai pas vu l'intérêt scénaristique du truc. Les mises en scène du procédé lors des combats sont peu lisibles, peu raccordées à une vraisemblance physique. La série animée Goldorak s'en est inspiré et l'a mieux fait, même si étant gosse je trouvais déjà assez pauvres cette succession de navettes pour aller dans l'eau, creuser la terre, voler puis aller dans l'espace. Ici, les trois navettes s'assemblent pour former le robot, mais elles peuvent s'assembler pour former des robots différents, mais ça ne respire, et on ne retient guère que deux formes : celle du robot géant à cornes et celle d'un char qui fore le sol, puis le fait qu'on a trois navettes de temps en temps et que l'assemblage et désassemblage permet de retourner une situation en combat. Je ne suis pas ébloui. Rien n'a été fait pour sublimer ces bonnes idées de base, ni dans le scénario, ni dans la mise en page et les dessins.
En revanche, le scénario réserve par moments de bonnes surprises au plan des méchants, sauf que tout est toujours traité trop vite au plan des robots.
Finalement, l'aspect le plus intéressant de ce manga, c'est tout ce qui ne concerne pas le robot. Le premier tome raconte le recrutement des pilotes pour une bonne part et on a peu de combats de robots, et dans les deux tomes suivants on aura aussi pas mal de passages au plan des humains.
La fin du tome 2 offre des dessins soudainement beaucoup mieux finis, ce qui m'a supris. Pour le scénario, je ne vais pas le dévoiler, mais en gros on a un manga vraiment shônen. Que veut un gosse ? Rire, et que l'histoire soit rigolote en même temps qu'épique, avec des gags rudimentaires. Tout ça, on a, c'en est même gênant. Mais on a aussi le sadisme gratuit, le sadisme comique. Et puis, on a des héros troubles ici qui affirment leurs autorités. Le début du manga est dérangeant. Le premier héros a une excuse à son comportement, celle de la vengeance. Du coup, on ne prend pas tout son discours trop au premier degré. Le deuxième pilote pose carrément problème, c'est un révolutionnaire sans pitié qui commet deux meurtres, peut-être les plus horribles de tout le manga qui en aura encore quelques autres. Au fil des chapitres et des tomes, cette idée s'affine. Le principe qu'a essayé de développer en mode carnavalesque le début du manga, c'est qu'il faut des héros qui soient à la hauteur pour sauver l'humanité de dangereux monstres et robots. Pour cela, ils doivent mettre de côté certaines considérations éthiques, ils doivent êtres forts, mais aussi rentre-dedans. Le début est forcé, mais vu qu'après les héros rentrent dans la norme on arrive ensuite à une présentation plus fine du propos qui marche mieux, et on arrive aux héros qui se sacrifient ce qui confirment l'orientation d'affirmation des valeurs viriles dans un manga qui toutefois vu son humour ne se prend pas pour autant au sérieux.
La lecture est agréable, le récit est articulé, cohérent. La seule anomalie est le chapitre bonus final, mais il est en cadeau bonus et pas au milieu du récit. Pour le reste, on n'a pas les anomalies de chapitres incohérents de Mazinger Z. Le scénario est tenu, il va à l'essentiel tout en offrant des fenêtres d'émotions plus fines, de réflexions qui mettent en perspective une histoire pourtant de gros bourrins qui aiment le défoulement. Ceci dit, la fin est un peu soumise malgré tout au principe des séries à rallonge. On a un méchant qui s'écroule et le nouveau apparaît déjà, donc on a une fin, mais un nouveau départ. En effet, il y a une fin rapide, précipitée même, de plusieurs éléments, mais trois éléments ouvrant sur une suite. Voilà pour le dire sans rien vous révéler.
Il existe d'ailleurs des suites officielles à ce manga.


Pour ce qui est de l'édition chez Isan Manga, c'est plutôt agréable en tant qu'objets. On a un format plus grand qui permet de bien apprécier la lecture et les dessins. Evidemment, c'est un investissement, 30 euros par tome, et en ce sens j'avoue que c'est un manga que je vais garder maintenant que je l'ai acheté, mais je ne le referais plus. J'ai complété ma collection de Go Nagai, mais j'aurais tellement préféré découvrir une histoire complète de Mazinger Z. Le style de récit de Getter Robot est daté sans atteindre le niveau d'intérêt d'un Tezuka ou d'un Devilman. J'ai payé un objet de collection et d'histoire, plus qu'un véritable plaisir personnel. Je déplore aussi la traduction. Il manque à deux reprises une lettre dans un mot. Il manque au moins un mot entier. Mais, surtout, j'ai lu pas mal de phrases incorrectes. Je suis même surpris du fait vu que ce manga vise un public plus âgé. Les gens nés avant 1985 maîtrisaient la grammaire et l'orthographe. Ce manga s'adresse même plutôt à des gens nés avant 1980. Pourtant, j'ai été impressionné par le nombre de phrases qui reflètent plutôt la manière d'écrire des gens né après 1997. Cela m'a beaucoup surpris et déçu.

davidson
7
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Créée

le 27 oct. 2021

Critique lue 52 fois

davidson

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