Gichi Gichi Kun est en apparence assez éloigné de ce que propose généralement Suehiro Maruo. Pour ne citer que les œuvres les plus connues parues en France, Vampyre, La jeune fille aux camélias ou encore La chenille sont des mangas pouvant être assez extrême dans leur violence que ce sois au niveau du propos que du visuel.
Les œuvres de Maruo ont cependant un fond engagé ds plus intéressant, surtout au vu du caractère souvent provoquant de l’œuvre de l'auteur. Un auteur qui cherche avant tout à faire ressentir et réfléchir en confrontant le lecteur à l'horreur de l'humanité.
Je parle de tout cela car Gichi Gichi Kun, paru en 1996 surprends le lecteur habitué aux œuvres de Maruo avec une série d'histoires assez enfantines. Les différentes histoires courtes présentes le quotidien de Gichi Gichi. Dans un milieu scolaire où règne coup-bas et loi du plus fort, le jeune garçon est timide devant les filles et reste discret. IL a cependant des pouvoirs qu'il utilise en tant que justicier.
Nous sommes face à un récit d'apparence assez classique. Un jeune garçon timide protège ses faibles camarades des brimades des voyous et se fait bien voir par la plus jolie fille de l'école.
Si l’œuvre est en apparence assez classique et enfantine, Maruo distille une sombre ironie et une violence acerbe avant tout psychologique.
Le monde de l'école est dépeins comme très cruel. Certains courent vers la réussite scolaire ou sociale quitte à mentir et tricher quand d'autres s'amusent uniquement à martyriser leur camarades. Jalousie, violence gratuite et besoin de dominer les autres sont au centre de l’œuvre. Heureusement Gichi Gichi est là et possède des pouvoirs bien utiles pour rendre justice aux dominés! Certaines situations sont drôles quand d'autres se montrent cruelles. Sauf que l'auteur s'amuse avec le lecteur. Le jeune héros utilise ses pouvoirs certes avec l'envie de faire justice sauf qu'il utilise la violence et la cruauté pour renvoyer la violence vers les oppresseurs. Ces pouvoirs magiques lui donnent la possibilité de juger les autres et de se faire justice sois même.
A la fois critique du milieu scolaire et questionnement sur la notion de justice, la lecture est finalement plus profonde qu'elle n'y paraît au premier regard. Maruo met à mal la notion de « super-héros » et de bienfaiteur autoproclamé.
Si le fond de l’œuvre est intéressant. La lecture est rapide et manque de puissance malgré sa fraîcheur. Heureusement, une douce monté en puissance arrive à la fin du tome.
Pour cette œuvre spécifique, le dessin de Maruo s'est allégé et éclaircie même si on reconnaît la patte du maître. Les cases sont aérées et claires et la violence graphique peu présente. Le dessin reste cependant très efficace et propose quelques scènes marquantes. (attention la lecture n'est tout de même pas adaptée aux enfants)
Gichi Gichi Kun est donc une œuvre surprenante mais intéressante. Même si elle manque parfois d’impacts, la lecture reste qualitative notamment grâce au dessin léger mais parfaitement adapté de Maruo. Une lecture qui ne plaira pas à tout le monde mais qui vaux le détour.