Un manga qui mélange la morale, la raison et la loi, avec tous les attributs qui s’y réfèrent, dans une dialectique bien rodée que l’on a déjà pu voir dans nombre de films et séries télévisées (comme Dexter, le tueur en série vengeur de la série américaine du même nom).
D’un côté la police qui ne fait pas son travail en ne surveillant pas les criminels relâchés. Et les criminels tuent. D’un autre côté des patients qui ont besoin d’organes dans un système trop peu généreux dans le domaine. Et au milieu des personnages, nos héros, qui purgent les carences du système en se servant des criminels comme donneurs d’organes pour ceux qui en manquent.
Bref, un véritable exercice de style qui fait fi de la morale officielle et de tout encadrement judiciaire, et s’en sort plutôt pas mal. On sait que la morale shintoïste japonaise est assez éloignée de la morale chrétienne, celle de la croyance dans la rédemption et dans le pardon, et Gift +-, de Yuka Nagate, en est une nouvelle preuve. Il est aussi notable que le Japon est un pays qui autorise la condamnation à mort, avec en moyenne deux à trois exécutions tous les ans.
Si nombre de mangas joueraient l’émotion et la niaiserie héroïque avec ce type de sujet, ce n’est pas le cas de Gift +-, qui évoque nombre de questionnements de la société japonaise. Le premier volume traite des tueurs en série, mais aussi du phénomène des « bébés de la consigne automatique », en clin d’œil à l’auteur Murakami Ryu, ou de la prostitution en milieu scolaire.
Un seinen qui évoque des sujets sérieux au filtre décapant d’une morale très décalée. Et pour couronner le tout, le « storytelling » est bien monté et le dessin de Yuka Nagate très inspirant.
« Gift + », de Yuka Nagate
Editions Komikku
Série en cours
8,50 euros