J'aurais aimé apprécier cette BD.
Nul doute que la nécessaire libération de la parole autour des viols (d'enfants) est un sujet majeur et un signe d'évolution de nos sociétés en même temps qu'un début de justice pour les victimes.
Seulement, si graphiquement, cette BD propose quelque chose de très intéressant pour porter ce sujet fort, le scénario est beaucoup trop peu accompli à mon goût. Oscillant sans cesse entre fable et réalisme, appuyant très grossièrement avec des explications souvent inutiles les quelques bonnes idées de mise en scène, ce grand silence ne parvient jamais à trouver la bonne distance entre la brutalité de son propos, l'émotion qu'il devrait susciter et le nécessaire appel au combat à mener contre les agresseurs de toute sorte.
Il gagnerait en puissance et en intérêt en jouant sur les non-dits qu'il denonce, les silences qu'il combat. Car en personnifiant le grand silence en une espèce d'usine incompréhensible dont elle ne montre ni les rouages ni les origines, l'auteure semble s'affranchir de montrer où trouver une manière graphique de mettre en scène la manière dont cet omerta finit d'achever des victimes de viol et manque, à mon avis, une occasion de faire ressentir au lecteur une plus grande étendue de leur souffrance pourtant assurément infinie.