Green Lantern : Emerald twilight par arnonaud

Dans ce tome est contenu la saga où Hal Jordan devient fou (et qui amènera à ce qu'il s'appelle Parallax par la suite) ainsi que les débuts du nouveau Green Lantern : Kyle Rayner (la 3e génération de Green Lantern après Alan Scott au Golden Age, Hal Jordan au Silver Age, avec ses coéquipiers/suppléants John Stewart et Guy Gardner, et donc Kyle ensuite).


Emerald Twilight est une saga qui m'intriguait de longue date, parce que ce sont des évènements régulièrement cités dans les bouts du run de Johns que j'ai lu, ou quand il est fait allusion à l'event Zero Hour dont Hal devenu Parallax est le vilain. Toutefois je pensais que le tome serait intégralement consacré à la chute de Hal, et j'ai été surpris de voir que les débuts de Kyle Rayner occupait en fait la majeur partie du tome, mais c'est aussi quelque chose que j'avais envie de lire, donc tant mieux.


Par contre, hélas, le tome ne contient pas la destruction de Coast City qui est l'évènement majeur qui déclenche la chute de Hal. On arrive un peu après le drame ici. Apparemment c'est dans le tome 2 de la Mort de Superman, ce qui fait que pour la première fois de ma vie j'ai envie de lire cette saga, qui ne m'intéressait pas vraiment jusque là (allez savoir pourquoi, vu que c'est un arc culte de Superman).


Bref, pour en revenir à ce tome, l'arc Emerald Twilight est en fait assez court : seulement trois numéros dont un Green Lantern #50 qui me semble oversize (mais j'ai pas vérifié). L'arc est court mais il commence très très bien avec un numéro sur Hal, seul, dans les décombres de Coast City et qui doit essayer de faire son deuil. Le numéro est super bien dessiné par Bill Willingham, surtout connu pour Fables, et qui fait ici des merveilles. C'est un numéro plutôt touchant, qui revient notamment sur la relation de Hal avec ses parents.

Ah et c'est la fameuse époque où Hal a vieilli un peu et a des tempes blanches. Mais bref, très bon début pour l'album.


Je vais éviter de trop spoiler le reste de la saga, mais on part dans quelque chose de plus en plus bourrin, avec des dessins moins bons (surtout Fred Haynes sur le 2e épisode, très 90's et pas terrible). Globalement cette saga c'est le grim & gritty (très en vogue après l'arrivée de Moore et Miller dans les comics, surtout dans les années 90 et 2000) appliqué à Green Lantern : Hal a des méthodes de plus en plus extrêmes et il y a beaucoup trop de morts et de destruction, même sans compter les évènements de Coast City... C'est assez radical. On sent bien que c'est une saga piloté par l'éditorial et qu'il y a une volonté de faire table rase pour aller vers quelque chose de plus simple, mais y avait-il besoin d'en faire autant ?


Mais pour autant y a de bonnes idées et ça reste quand même un arc pas désagréable à lire. Surtout pour le lecteur actuel qui sait que tout va rentrer dans l'ordre avec le run de Johns. Pour le lectorat de l'époque ça a dû beaucoup gueuler...


Après on a donc les débuts de Kyle Rayner. C'est une version de Green Lantern beaucoup plus terrestre, a petite échelle, moins cosmique et bien entendu avec un héros complètement inexpérimenté. C'est du classique de héros débutant qui fonctionne toujours bien. Surtout qu'il se retrouve quand même face à de sacrés adversaires, comme Mongul (que j'avais hâte de revoir après avoir lu récemment les Derniers Jours de Superman) et Major Force, un vilain que je connaissais absolument pas mais qui révèle très vite qu'il est un assassin surpuissant.


Parce que je ne m'y attendais pas mais ce tome contient aussi l'épisode hélas célèbre où, attention spoiler mais je suis bien obligé d'en parler, le héros retrouve sa copine morte découpée dans son frigo, ce qui donnera son nom au trope identifié par Gail Simone des "Women in refrigerator", pour parler de cette triste tendance des héroïnes et des personnages féminins des comics en général à se faire massacrer et estropier (surtout à partir des années 80 et l'arrivée du courant grim & gritty qui n'a pas du tout été à leur avantage). Ce comics est donc un triste exemple des niveaux de violence totalement absurdes dans lesquels les comics de l'époque pouvait avoir tendance à se vautrer pour choquer le lecteur et faire parler d'eux. Surtout que ça arrive que quelques numéros après Emerald Twilight qui était déjà bien extrême et radical. Quelqu'un aurait peut-être dû dire à Ron Marz de se calmer.


L'écriture du couple de Kyle et sa copine Alex est assez intéressante. J'aime bien le fait que le couple soit sur la fin quand on rencontre les personnages, et le fait qu'Alex ait du répondant et un peu d'exigence vis à vis de Kyle, par contre lui est écrit d'une manière assez terrible, un peu trop forceur et ne prenant pas vraiment en compte ce que lui sa copine... C'est assez réaliste quelque part, mais je pense qu'on passe un peu trop la pommade à Kyle alors qu'il se comporte plutôt comme une merde. Bref, entre ça et surtout le meurtre d'Alex, le tableau est pas forcément glorieux. Et surtout qu'à part Alex, on a pas beaucoup de persos féminins dans cet album.


Après ça, Kyle se retrouve emporté dans l'event Zero Hour, qui n'est pas contenu dans ce tome, sûrement pour éviter que ce ne soit un pavé. A la place on a un texte éditorial qui nous résume cette saga où, notamment, Hal devenu vilain fait son retour, se faisant désormais appelé Parallax. On a quand même un numéro lié à l'event avec le duel final entre Hal et Kyle qui, c'est vrai, fait une belle conclusion pour l'album. Même si c'est pas la vraie conclusion de l'album puisqu'on nous met un numéro plus tardif de Green Lantern, où y a pas mal de récap' et où on voit Kyle qui s'en sort mieux et qui est prêt à entamer une nouvelle relation amoureuse... Un numéro pas désagréable mais pas forcément essentiel à l'album.


Et aux dessins, je trouve que Darryl Banks ne fait que s'améliorer tout au long du tome et se révèle au final plutôt bon, avec pas mal de belles cases. Après y a régulièrement des dessinateurs secondaires qui viennent l'épauler, donc c'est pas toujours très clair qui fait quoi et on a parfois des pages plus faiblardes. Mais dans l'ensemble c'est honnête je trouve.


Bref, que vaut l'album ? Honnêtement j'ai trouvé ça plutôt agréable à lire malgré le côté grim & gritty un peu trop poussé. En fait c'est à la fois trop extrême, trop gratuit, et en même temps, ça permet au comics d'être habité par une vraie dramaturgie, c'est assez paradoxal. Donc c'est clairement pas du très grand comics, mais ça se lit bien. Je crois que j'aime bien les récits de héros débutants en fait. Toutefois, il faut bien reconnaître qu'on est clairement dans le cas où c'est un comics plus essentiel pour son importance dans la continuité de Green Lantern que par sa qualité. Mais c'est aussi clairement un avantag : après avoir lu l'album on y voit quand même un peu plus clair dans la continuité du héros, même s'il manque de gros morceaux à l'album.


Au final, c'est un album bourré de défauts mais j'ai bien aimé ma lecture.

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le 18 févr. 2023

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