Les bleus voient la vie en rose
"Drummer Boy" faisait écho à "Les bleus dans la gadoue" ; "Les bleus en folie" faisait écho à "En avant l'amnésique" ; Grumbler et fils fait écho à "Les cinq salopards" et aussi un peu à "L'or du Québec". Cauvin tourne-t-il en rond? Il reprend ses vieilles intrigues, en changent quelques données à peine et refait un nouvel album à aprtir de là? Les tomes 31 et 32 étaient plutôt décevants ; le 33 change la donne.
Si Cauvin reprend des thématiques et autres idées dramaturgiques, il parvient, cette fois, à prendre une nouvelle direction, à raconter autre chose. Le scénariste se permet également de corriger ses erreurs et de laisser plus de place aux cinq salopards de cet album pour raconter quelque chose de plus profond. Le changement de décor donne à la série un nouveau souffle, on voit même des éléments de vie du quotidien en ville (le bain, la ferme, ...) en ces temps difficiles. Cauvin porte un regard intelligent sur la société américaine, et même si je raffole de cette guerre de sécession, je suis bien content d'avoir quitté le terrain de combat pour quelques 44 pages. Le point le plus fort, c'est la façon dont l'auteur parvient à gérer deux histoires en une, sans que l'une n'obscurcisse jamais l'autre, sans qu'aucun personnage ne soit lésé. Seul regret, que le discours sur les mormons soit si simple, si naïf (est-ce par choix ou à cause d'un manque de documentation?). Néanmoins, en dépit de toutes ces qualités, je regrette qu'il n'y ait pas plus de pages pour complexifier la résolution.
Lambil délivre toujours les mêmes cadrages (sol = bord bas de la case), mais se rattrape grâce à un découpage maîtrisé : en effet, les auteurs prennent leur temps et pour une dois n'hésite pas à instaurer des moments contemplatifs (il est rare de trouver une case sans philactère dans cette saga). Pour le reste, le coup de pinceau de Lambil est toujours aussi efficace et son travail sur les décors est remarquable.
Bref, Cauvin et Lambil surprennent avec ce retour en force ; le duo d'auteurs s'étaient tellement bien installés dans leur routine créative que je n'en attendais plus grand chose et là PAF, le tome 33 est une petite bombe.