Gulliveriana par belzaran
Cela fait bien longtemps que je suis un grand fan de Milo Manara. Mais je m’étais arrêté à l’aspect graphique : exposition, livres d’illustrations… Il était plus que temps pour moi de m’attaquer à ce qui a fait son succès : ses bande-dessinées. « Gulliveriana » est sorti en 1996, ce n’est pas donc une œuvre de jeunesse de l’auteur, mais certainement un très bon choix pour découvrir l’art de la bande-dessinée érotique.
Comme son nom l’indique, « Gulliveriana » est inspirée des voyages de Gulliver comme le montre bien la couverture. On y découvre l’héroïne en petite tenue, cachant son sexe d’un tricorne, tout en étant partiellement attachée par des cordes. Partout autour d’elle, des êtres minuscules l’observent. Il est de bon ton de récupérer les contes de notre enfance pour les détourner et Milo Manara s’en fait ici un plaisir. Ainsi, son héroïne, après avoir bronzé nue (forcément), perd son maillot de bain et se réfugie sur un bateau abandonné. Elle y trouve le livre des voyages de Gulliver et va accoster tour à tour sur différentes îles où la population y est plus surprenante à chaque fois !
Ce qui m’inquiète toujours quand je lis de la bande-dessinée érotique, c’est l’endroit où l’auteur positionne son curseur. Et dans cet ouvrage, Milo Manara est particulièrement soft. En effet, il n’y a pas ici d’acte sexuel. Tout le scénario est construit de manière à ce que l’on observe le corps de son héroïne sous toutes les coutures. Chaque situation est l’occasion de l’observer dans le plus simple appareil ou vêtue de vêtements déchirés et trop petits pour elle. Cette inventivité est en plus doublée d’une bonne dose de second degré. Clairement, l’auteur ne se prend pas au sérieux et il n’est pas rare de sourire devant les artifices dégagés pour nous montrer les fesses de son héroïne.
Qui dit érotisme, dit dessin. Manara est un maître en la matière quand il s’agit de dessiner des femmes et « Gulliveriana » rend honneur aux courbes féminines. Chaque case est une merveille, chaque pose un enchantement. Que ce soit dans l’attitude, le regard, les lèvres délicatement entrouvertes, l’abandon… Tout est indécent dans le dessin de l’auteur. La sensualité qui s’en dégage est incroyable. La couleur met parfaitement en valeur le trait de l’auteur avec simplicité.
« Gulliveriana » est une œuvre formidable. Terriblement indécente mais finalement très sage, elle parvient à mêler sensualité et second degré. N’hésitez pas à vous laisser transporter par le talent de Milo Manara. Il y a peu de chances que vous soyez choqué par cet ouvrage, mais vous serez à coup sûr un peu émoustillé.