Certains qualifieront certainement Gun Frontier comme un Albator du Far-West…
Même si ce n’est pas vraiment faux, c’est prendre un raccourci facile.
Déjà, ici Harlock n’est pas le Héros, c’est plutôt Tochiro qui tire la couverture à lui…
Celui qui règle généralement les embrouilles c’est Tochiro, celui qui parle et qui prend les décisions c’est Tochiro. Harlock a ici plus le rôle de compagnon discret que de héros.
Le duo est accompagné d'une femme au comportement ambigu, Shinunora.
Le ton est aussi sensiblement différent que dans Albator. Le Far-West c’est dur, c’est un monde sans foi, ni loi, pour les Hommes avec un grand H !
On vit, on tue, on meurt, on a des rapports (nombreux) avec l’autre sexe, on se saoule, etc.
Car oui, le ton de Gun Frontier est encore plus mûr et adulte que peut l'être Albator.
À part l’auteur, les personnages et le voyage, pas vraiment plus de points communs avec les aventures du célèbre balafré. Gun Frontier c’est violent et explicite !
On voit les mises à mort, on voit les rapports sexuels et les viols (même si Matsumoto a un vrai talent pour suggérer plutôt que montrer), l’univers de Gun Frontier c’est pas les Barbapapas. ^^
Pour alléger l’ensemble, Matsumoto place de réguliers passages humoristiques et des running-gags reviennent tout au long du récit (p.ex. : lors de quasiment chaque chapitre, notre joyeuse équipe se retrouve à devoir manger ou se séparer de ses chevaux morts).
Matsumoto en profite aussi pour faire passer des messages sur la différence, l’acceptation des autres, le totalitarisme ou encore le libre-arbitre.
Évidemment on voit ces messages si on se donne la peine de lire entre les lignes. ^^
Le tout emballé dans un très bon récit d’aventures pour adulte.
Le dessin c’est celui du Maitre, on accroche ou pas, mais c’est du Matsumoto « classique » que certains fans qualifient de « grande époque » (Gun Frontier date de 1972).
On appréciera le grand soin de Matsumoto à dessiner les armes et même à faire de petites fiches explicatives très détaillées sur les plus emblématiques ou révolutionnaires de l'époque.
L’édition quant à elle, c’est du Black Box classique.
Format plus grand que le standard (14.5 x 21cm) mais sans jaquette flottante. Impression correcte sur papier bien blanc mais un peu fin. Pareil pour la couverture qui mériterait d’être plus rigide et épaisse. Pour moi ça vaut clairement pas la quinzaine d'euros que m’a couté chaque tome, mais quand on est fan…
Dans l'édition japonaise, il existe des pages couleurs et elle sont bien présentes dans cette édition, au début de chaque tome. ^^
Deux histoires courtes prennent place à la fin du deuxième tome, elles sont sympas mais n’apportent rien à l’intrigue qui tient très bien 2 tomes (et wai pour une fois y a même une vraie fin^^). Le mot du doubleur japonais d’Harlock/Albator est très sympa aussi…
En résumé, un très chouette seinen signé Matsumoto, mais à ne pas mettre entre toutes les mains de par le propos et le contenu explicite, mais à mettre dans les mains de tous les fans du Maitre.