J’ai longtemps considéré le volley ball comme un sport féminin. Quand j’étais gamin, toutes les séries sur le football mettaient en scène des joueurs, et celles sur le volley ball, des joueuses. Quant au basketball, nous n’avions pas encore Slam Dunk à l’époque. Bref, tout ça pour dire qu’un manga sur des équipes masculines de volley ball, cela peut sembler original. Ce qui n’est pas le cas, mais je tiens à le mentionner quand même, car comprenez bien qu’il s’agit du seul élément un tant soit peu original de Haikyu ! Pour le reste, c’est basique de chez basique de chez basique.
Je n’ai pas commencé ce manga car je m’intéresse au volley ball. Je suis comme vous, je n’en ai strictement rien à foutre de ce sport (comme du sport en général). Certes, je possède un attachement particulier pour Jeanne & Serge et Les Attaquantes, mais cela s’arrête là. Non, si j’ai tenu à lire ce titre, c’est car il s’agit d’un shônen sportif, et issu du Shônen Jump de surcroit. C’est un genre à part entière, ultra codifié comme aucun autre, et tout ce qui changera d’une série à l’autre, ce seront le niveau de départ du personnage principal, et la façon dont l’auteur assumera ou non son délire. Car oui, les principes même du shônen – augmentation progressive de la puissance, adversaires toujours plus impressionnants,… – menant obligatoirement à de l’exagération, certains exploiteront ce filon à fond (comme Eye Shield 21 et ses protagonistes décalés) tandis que d’autres nous montreront les actions les plus improbables tout en les traitant comme si elles étaient réalistes (syndrome Olive & Tom).
Ici le héros est le Mathieu Valbuena du volley ball – et je le dis avec bienveillance car j’adore ce joueur – petit donc obligé de se donner à fond pour prouver sa valeur, et le mangaka s’autorise des personnalités plutôt fortes, semblables à ce que nous pouvons trouver dans un Kuroko no Basket. Donc, comme mentionné tantôt, l’originalité du titre reste plutôt discrète.
Par contre, la recette – éculée – fonctionne à la perfection. Après 4 tomes, nous en sommes en phase de rodage pour l’équipe, mais nous sommes déjà passé par les étapes de constitution d’une équipe, d’entrainement, de mise au point d’automatismes, et même de première défaite qui doit permettre de grandir. Dans la mesure où plusieurs des personnages principaux sont en Terminale, nous aurons fatalement droit au « nous devons gagner le tournoi national du premier coup car ce sera le dernier de nos sempai ». Les héros sont attachants, les matchs grisants, et il se défend bien niveau humour, justement grâce à certaines personnalités très affirmées. De plus, l’ensemble est assez didactique, les règles de ce sport étant expliquées au fur et à mesure.
Alors, pourquoi lire ce manga ? Déjà, car le shônen sportif, aussi étonnant que cela puisse paraitre – puisque le lectorat semble habituellement apprécier les titres codifiés – est un genre qui fonctionne peu en France, menant à un choix limité dans nos librairies. Seuls les succès nippons du Shônen Jump semblent encore arriver jusqu’à nous. Parmi les quelques séries disponibles, celui-ci offre un excellent compromis entre modernité (par opposition à un Olive & Tom dont le dessin a pris un sacré coup de vieux même s’il garde un certain charme) et crédibilité (là où Kuroko no Basket y va franchement concernant les coups spéciaux), du moins pour l’instant. Il s’agit d’un manga très épuré, parfait pour mettre en avant les qualités du genre, mais qui sait malgré tout conserver une personnalité bienvenue grâce à ses protagonistes. Je le conseillerai surtout aux amateurs de shônen sportifs, qui retrouveront ici ce qu’ils apprécient habituellement dans ces séries, ainsi qu’à ceux qui voudraient le découvrir sans forcément plonger dans un récit délirant fait de balles enflammés. Pour ma part, après un premier tome poussif, je dirai que chaque nouveau volume m’apporte un vrai moment de plaisir.