J'ai fait une pause dans les Hellblazer, et le dernier album lu était Haunted, qui correspondait au début du run de Warren Ellis. J'ai pris la suite, Setting sun. Ou plutôt, je me suis acheté une ré-édition plus récente, sortie entretemps, qui regroupe les deux tomes, ainsi que d'autres histoires en plus.
Locked
Le flic qui avait informé John du décès d'une de ses ex dans l'album précédent fait cette fois appel à lui, car il est dans l'impasse : un tueur est enfermé dans une pièce avec ses victimes, et tous ceux qui y sont entrés depuis se sont entretués.
Une histoire trash, prenante dès le moment où l'on voit les sévices plutôt gores infligés aux victimes.
Je trouvais la caractérisation du tueur simpliste, jusqu'au twist. Ellis arrive à dresser un portrait ultra malsain et sombre, et même ménager une rebondissement dans l'exploration psychologique du détraqué. C'est vraiment fort, surtout pour une histoire bouclée en un numéro.
Le dessin est bien crasseux, et d'habitude j'aime bien ça, il y a des images en quelques sorte déformées, comme des visions cauchemardesques. Mais j'ai un problème avec les visages : tous les personnages, et surtout John, ressemblent à de vieux clodos dont la gueule a été défoncée à maintes reprises.
The crib
A l’aube du 21ème siècle, un coffret dans lequel serait gardé le fœtus de l’antéchrist, mort-né, refait surface, et on s’entretue pour s’en emparer, car son détenteur pourrait obtenir de grands pouvoirs.
Une histoire en un numéro aussi, mais bien plus anecdotique, tout repose en fait sur une seule idée. J’apprécie quand même le regard que l’auteur semble poser sur l’humanité, comme s’il faisait un triste constat de sa vanité.
Et moi qui adore les couvertures de Tim Bradstreet, sur Hellblazer et Punisher, je me demandais ce que ça donnerait s’il illustrait un récit ; on en là un des rares exemples.
Setting sun
Une histoire que j’avais déjà lue, qui était dans un des quelques numéros que j’avais achetés après la sortie du film Constantine, quand j’étais ado. J’avais lu sur Amazon quelqu’un dire que Warren Ellis pompait le film Men behind the sun, que j’ai vu pour l’occasion hier.
Le fantôme d’un médecin Japonais raconte à John Constantine ce qu’il a fait subir à ses cobayes, au camp 731 pendant la seconde guerre mondiale. Peut-être qu’Ellis a eu l’idée de cette histoire grâce au film, mais il ne le reprend pas vraiment, il se réfère plus à des évènements réels, par ailleurs restés trop peu connus. Donc ça reste intéressant de voir l’auteur relater ces horreurs, et il a une façon de raconter distante, particulièrement horrible.
Et puis il y a ce twist original, d’une noirceur supplémentaire.
Par contre, un truc qui m’avait marqué la première fois, c’est la vulgarité gratuite et excessive du début. Ca n’est pas ainsi dans les autres histoires, donc ça me surprend à nouveau.
One last love song
Ce que les autres histories ont en commun jusque là, c’est que Warren Ellis expose toutes formes d’horreurs de la part de l’humanité. Ici, on a droit à un genre différent de noirceur et d’amertume, qui penche plus vers la mélancolie. John repense à toutes les femmes qu’il a aimées, et qui sont mortes à cause de lui.
On savait déjà que le personnages se traîne un tas de cadavres derrière lui, mais je crois que c’est la première fois qu’on pose un regard pareil, un peu attendri, là-dessus. Une très belle idée.
Telling tales
Un journaliste demande à Constantine de lui raconter tous les secrets de Londres. Il lui sort des histoires complètement farfelues ; c’est n’importe quoi et pas drôle. Surtout que ça dure, alors qu’on devine le twist dès le début.
L’album "Setting sun" s’arrête là, mais dans mon édition, il y a ensuite deux histoires que j’avais lues dans l’album "Shoot", très moyennes, et dont je ne reparlerais pas ici. Puis trois autres histoires jamais rééditées jusque là, issues d’un comic de Noël, "Winter’s edge" :
Tell me
Celle-ci est d’un autre auteur que Warren Ellis et ça se voit. Paul Jenkins a plutôt une belle plume, mais l’histoire est sans intérêt. Un type dans un bar raconte à John une histoire d’amour qui a mal fini, qui reste tout ce qu’il y a de plus classique.
Au passage, le choix de la narration est bizarre : c’est raconté à la troisième personne.
Et le rapport avec Noël ? C’est juste que ça se passe ce jour-là ; ah ok.
All those little girls and boys
John évoque des souvenirs de ses amis quand ils étaient enfants, ou imagine simplement comment ils étaient à cet âge-là. C’est ennuyeux, et on nous ressort encore cette idée que le héros a condamnés tous ces proches en les côtoyant, etc.
Et pourtant, c’est Garth Ennis à l’écriture.
Sinon, j’ai cru que les personnages étaient asiatiques… mais non, en fait c’est juste le dessinateur qui fait des yeux bridés à tout le monde, Constantine y compris.
Another bloody christmas
C’est plus un récit illustré qu’un comic, dans le style des contes de Noël (à part que le texte n’est pas en rimes).
Dave Gibbons s’occupe de l’écriture et des illustrations, et il remonte un peu le niveau.
Le cynisme de John est excellent, l’histoire est à la fois prenante, drôle, et désabusée, et part d’une idée plutôt originale.