Attiré par les dessins, qui me semblaient de grande qualité, et le thème de la colonisation des Amériques, qui pour une fois, avait l’air d’être abordé de manière assez réaliste (c'est à dire avec toute la barbarie qui va avec), je me suis rué dessus. Après lecture, je ne suis pas forcément déçu, mais je ne peux pas dire que j’ai pris la baffe espérée non plus.
L’histoire se déroule sur une petite île faisant partie de l’Amérique du sud. Les habitants sont depuis quelques temps frappés par une épidémie mortelle lorsqu’arrive un nouveau fléau : les conquistadors. Ceux-ci sont sans pitié, menés par le redoutable capitaine Albatirso. Ayant échappé au chaos ambiant, deux amis, Hutatsu et Dathcino, survivent comme ils peuvent, mais ils vont faire la fâcheuse rencontre du chef de la tribu des Syyanas, qui va les envoyer vers un destin incertain (c’est pas évident de pas trop en dire !!!)…
En ce qui concerne le sujet, il est bel est bien développé avec une violence crue, mais sans manichéisme, ce qui est assez agréable. En effet, du coté des précolombiens Syyanas, comme des conquistadors, le mal est en chacun, pas de jaloux. Il y a deux grands « méchants » dans l’histoire et ce sont les chefs des deux camps opposés. Le capitaine Albatirso, est d’une horreur implacable mais se sent investi d’une mission divine tandis que le grand prêtre Pavo-Caltan est tout aussi impitoyable, assassinant ses pairs en signe d'offrande aux dieux. Le jeune Dathcino est arrogant, pessimiste et ne respecte pas ses propres morts (qui peut le juger à voir ce par quoi il est passé ?) tandis que son ami Hutatsu pourrait donner sa vie pour lui.
Ignacio Noé nous dessine à merveille toute une galerie de « gueules » impressionnante. L’expressivité et les gestuelles sont vraiment justes, le tout parait bien vivant et quelques panoramiques d’animaux exotiques viennent faire la pause dans ce récit sanglant. Dame Nature paraît bien calme comparée à la boucherie qui se déroule au même moment.
La narration est dynamique et le côté inachevé des dessins ne m’a pas dérangé, au contraire ; j’ai trouvé que cela rajoutait de la vitalité et de la nervosité au graphisme (sauf sur une partie du 3ème tome ou j’ai l’impression que l’auteur a carrément bâclé). Les couleurs sont magnifiques et se marient à merveille avec le dessin.
Sans être indispensable, Helldorado est une bd qui se laisse lire sans mal. Et nous rappelle accessoirement que « la violence engendre la violence ».