La Gloire d'Hera
O joie, ô suprême délectation, la mythologie grecque revient en odeur de sainteté avec son plus célèbre représentant Héraklès. Ce come back est dû au talent d’un jeune dessinateur/auteur Edouard...
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le 7 sept. 2012
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O joie, ô suprême délectation, la mythologie grecque revient en odeur de sainteté avec son plus célèbre représentant Héraklès. Ce come back est dû au talent d’un jeune dessinateur/auteur Edouard Cour.
Je n’entretiendrai pas la suspense, j’ai été enchanté par cette lecture, plus encore, j’étais déjà conquis lors de la commande, rien qu’à la vue de la couverture.
Néanmoins, je vais pondérer mon enthousiasme pour tenter de vous donner un avis mâtiné d’une dose de recul.
Le thème de la Mythologie grecque n’a certes rien d’original, encore moins lorsque l’on traite de Héraklès/Alcide, peut-être avec Ulysse et Achille, le héros mythologique le plus connu, et le plus décliné au travers du cinéma, de la BD mondiale, des livres, bref d’une bonne partie des médias.
Alors pourquoi se réjouir d’une BD traitant de ce héros; tout simplement, parce que les aventures d’Héraklès, sont intemporellement jouissives, avec leurs relents épiques, et parlent tout à la fois à nos cerveaux reptilien et limbique, sièges des comportements primitifs et des émotions de bases, mais aussi à notre néocortex, siège de notre réflexion.
Alcide est le fils illégitime de Zeus et d’Alcmène, femme du roi d’Argolide Amphitryon.
De part son existence même, Alcide, futur Héraclès, bafoue Héra, et il ne vaut mieux pas bafouer la reine des dieux (ce qui n’empêchera jamais Zeus d’aller voir ailleurs…). Voilà pour la minute AGB (Amour Gloire et beauté).
Selon les sources Alcide devient Hera/Kles, littéralement La Gloire d’Hera, de part la déesse elle-même, appuyant ainsi l’idée qu’Héraclès doit sa renommée par les travaux et missions qu’elle lui a imposé.
Constamment à la recherche d’une vengeance, Héra provoque un état de folie chez Herakles, le poussant à tuer dans un acte de démence sa femme et ses enfants.
La Pythie, l’Oracle de Delphes, va lui prophétiser la réalisation de 12 travaux surhumains et vicieux définis par Eurysthée, roi de Mycènes et oncle d’Alcide. S’il réussi, alors il sera immortel et accédera à l’Olympe.
Je ne ferai pas le détail des travaux, ils sont relativement connus, et ne sont pas véritablement le moteur de l’histoire, mais m’attarderai sur l’adaptation du mythe par Edouard Cour.
Il livre ici une vision graphiquement forte et originale, même si son style fait grandement penser à celui de Christophe Blain (« Socrate le Demi-Chien » ou « Gilgamesh »), avec un arrière-plan néanmoins plus dense et fouillé.
Son trait dynamique donne une épaisseur (au propre comme au figuré) à cette vision d’Hérakles, qui est dès lors bien plus imposant et massif que n’importe quel humain.
Le choix des couleurs renvoi inévitablement tout à la fois à la chaleur écrasante de la Grèce Antique avec son climat aride, et aux couleurs caractéristiques des poteries grecques, et exhalent des ambiances propres à l’onirisme et aux mythes.
Il a également intégré subtilement des codes ou des références modernes issues de différents univers, enrichissant de multiples influences sa vision du héros olympien Herakles
Mais plus encore que l’aspect graphique de l’œuvre, certes capital, c’est le ton de la narration qui étonne. Mature tout en étant décalée, Herakles y est un héros en proie au doute et à l’introspection sur sa condition et son devenir. Il est sur le seuil, entre deux mondes. Trop fort, trop endurant, trop rapide pour le monde des humains, il peut les tuer dans un accès de folie, ou même simplement s’il ne contrôle pas sa force, donc il les terrorise. Mais il n’est pas immortel, et sa mère est une humaine, alors il n’est pas un dieu complet.
Ni humain, ni divin, Herakles est un être terriblement seul, mélancolique et quelque peu désabusé. Hanté par une armée de morts qu’il a lui-même engendrés, l’observant dans l’accomplissement de sa destinée.
Il traverse néanmoins avec une certaine dose d’humour et de bon vivant ses aventures, conscient que sa place n’est pas en ce monde, et aspirant à une vie olympienne qui lui offrira peut-être un rôle, une légitimité, une fin.
Cette série, prévue en trois tomes, est véritablement un coup de cœur, et je la recommande chaudement. Herakles, super-héros avant l’heure, est un être haut en couleurs, et Édouard Cour en donne une vision fraiche et attachante.
Je lui souhaite une longue et prolifique carrière, nul doutes pour moi, qu’elle le sera avec ce qui semble constituer ses influences et références, qu’il aborde dans une petite préface.
Donc M. Cour merci, et comme dirait un philosophe vulcain : Live long and Prosper.
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Créée
le 7 sept. 2012
Modifiée
le 7 sept. 2012
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