Après avoir découvert la célébrissime œuvre qui avait révélé Urasawa avant l'explosion nucléaire de "20th Century Boys" dans sa version anime, forcément simplifiée et alourdie par une animation grossière, cela me titillait de LIRE enfin "Monster". Évidemment, connaître à l'avance chaque rebondissement d'un tel thriller nous prive d'une grande partie du plaisir ressenti lors d'une vraie découverte (il faut dire que l'histoire est diabolique, et de plus qu'elle se ramifie en une multitude de saynètes psychologiquement très justes et souvent touchantes...), mais nous permet aussi de nous concentrer sur l'aspect "technique" de l’œuvre d'Urasawa. Si le dessin du maître - plutôt proche de la ligne claire franco-belge, comme on en fait souvent la remarque - n'a pas encore atteint la perfection qu'on connaîtra dans les œuvres postérieures, on ne peut qu'être soufflés par l'intelligence narrative d'Urasawa qui construit des micro-suspenses et de véritables explosions émotionnelles quasi à chaque page, et par le dynamisme impressionnant de ses images : chez lui, le moindre dialogue "vit" littéralement, et on dévore ce premier tome de "Monster" - en grande partie consacré aux tourments éthiques du pauvre Dr. Tenma - sans pouvoir le reposer avant la fin. [Critique écrite en 2011]