Dans le volume précédent, Esther commençait à s’en battre les couilles de certaines choses. C’est toujours plus le cas dans Histoires de mes 13 ans. À qui verrait là de la vulgarité, je répondrais que le petit humain de treize ans qui échapperait à l’esprit de son temps constituerait une remarquable exception – et sans doute un mauvais héros de récit d’adolescence.
Ce qui frappe davantage l’adulte que je suis, qui côtoie presque quotidiennement des adolescents mais loin des grandes villes (et des beaux quartiers), c’est la violence des relations que traduit ce langage – mais, là encore, à qui leur reprocherait cette violence…
Le début de l’adolescence, ouais… Est-ce la puberté de l’héroïne qui donne parfois l’impression que l’album tourne en rond ? C’est l’âge auquel je me souviens le plus avoir moi-même tourné en rond.
Et puis l’évolution vers moins de transparence, esquissée dans les tomes précédents, s’accentue dans Histoires de mes 13 ans. Presque toute la partie pubertaire du récit se trouve hors des cases – c’est à peine si deux ou trois planches sont consacrées au sujet, ce qui marque un changement notable chez l’auteur du Manuel du puceau et réalisateur des Beaux Gosses… On a beau retrouver la même Esther, à la fois naïve (voir la fausse mort de Johnny Depp, p. 10) et très consciente des codes de la micro-société que constitue un collège, le regard que l’album pose sur elle paraît de plus en plus distancié – ce qui ne signifie pas froid, ni malveillant.
Là encore, ce n’est peut-être pas un hasard si pas mal de planches (par exemple les pages 20, 29, 34 ou 40) pourraient être tirées d’un volume de la Vie secrète des jeunes, qui se caractérise à la fois par un regard extérieur et par une évocation lapidaire de l’esprit du temps.

Alcofribas
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le 23 mai 2019

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