Et je pense surtout aux 2005 qui liront les Cahiers d’Esther comme les 1950 peuvent regarder Diabolo menthe ou les 1960 le Péril jeune. (Il y aurait un parallèle beaucoup plus pertinent à dresser avec Boyhood, mais je le garde pour la critique d’un prochain volume.)
La forme (la formule ?) est celle des cinq albums précédents, c’est-à-dire à peu près celle de la Vie secrète des jeunes : des planches autonomes qui parfois se répondent, pas de gaufrier particulier, deux couleurs par planche et Esther qui raconte. On alterne entre des passages marqués par l’actualité et d’autres plus généraux, entre le social et l’intime aussi. Évidemment, il y a un passage (page 15) où Esther rencontre un lecteur des Cahiers d’Esther.
Dans Histoires de mes 15 ans, Esther entre en troisième, elle a un amoureux à distance (!) avec la rupture à distance qui va avec, elle se prend la pandémie dans la gueule comme tout le monde, elle s’imprègne de tout ce qui fait l’harmonie de notre société, elle retrouve des personnages qu’on n’avait pas vus depuis quelques albums, elle fait son stage, elle a des idoles dont j’ignorais jusqu’au nom – et dont je ne connais à présent que le nom –, elle utilise Whatsapp et beaucoup d’autres choses que je ne connaîtrai jamais parce qu’à mon âge, la pression sociale, je m’en tamponne le coquillard.
On l’aura compris, ces Histoires de mes 15 ans valent la lecture parce que ce qui y est raconté compte moins que toutes les ouvertures qu’elles offrent.
Esther est-elle représentative de sa génération ? de sa classe sociale ? d’elle-même ? Un peu des trois, à mon avis, mais c’est sans doute un peu plus compliqué – et ce serait naïf de penser que les Cahiers d’Esther sont représentatifs d’Esther... Après six ans, à quoi peuvent ressembler les relations entre un auteur de bande dessinée et celle qui est, en plus de son sujet, sa co-scénariste ?
Ça me paraît plus intéressant que de se demander si tout est vrai.

Alcofribas
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le 14 juil. 2021

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