Un grain de sable dans l'engrenage

Les cinq tomes d'une des toutes meilleures sagas de Delcourt dans le même volume, c'est une perle!
Dans le registre mécanico-médiéval friand de rayures et de damiers qui a fait les beaux jours de l'éditeur dans les années 90 (voire bien sûr "la Nef des Fous" ou "De cape et de crocs"), "Horologiom" se démarque par des dessins en couleur directe que leur impeccable élégance met à l'abri des fluctuations des modes graphiques.
La créativité architecturale et des costumes dignes d'un décorateur de cinéma, qui offrent à chaque page un régal pour l'oeil, font beaucoup pour le charme de la série. Un univers aux lois absurdes qui évoque tour à tour "Brazil" et "Le meilleur des mondes" accueille la trame de ce conte pour grands enfants.
Avec une époustouflante habileté créative, Fabrice Lebeault mêle les mythes de Faust et de Pinocchio à travers une riche exploration de sa cité onirique. Il y est question d'intrigues politiques, de régulation démographique, de liberté créatrice et de quête des origines. Certaines pistes sont abandonnées en chemin (celle de l'être-contraire évoquée dans le t.2), mais les personnages sont bien construits. On pourra reprocher de menues imperfections telle la manie de faire parler tel robot en argot, mais l'ensemble se lit et se relit avec un égal plaisir.
Reste qu'en matière de bande dessinée, ce divertissement d'exception pose la question du devenir de l'auteur : ne lui connaissant aucune autre bd, je viens d'apprendre qu'il s'était lancé dans un deuxième cycle, à l'instar de "La quête de l'oiseau du temps", autre brillante saga dessinée...