Host Club, le lycée de la séduction par Ninesisters
L'anime Ouran High School Host Club a connu un véritable succès critique ; le manga dont il a été tiré un peu moins, probablement en raison de son style graphique "shôjo" plus affirmé – qui rebute encore certains lecteurs – et de la parution française chaotique due à Panini Comics. Pourtant, ils sont tous deux dignes d'éloges.
J'ai tendance à considérer – cela se saura – que les comédies romantiques lycéennes disposent de deux façons de se différencier les unes des autres : un élément original ou des personnages de qualité. Host Club joue sur les deux tableaux, et le résultat est un authentique concentré de bonne humeur.
Premier point : l'élément original. Ici, nous en avons au moins deux : un lycée destiné aux héritiers de familles riches – notion qui possède en l'occurrence une connotation humoristique, par opposition aux prétentieux et aux individus "trop parfaits" qui pullulent dans nombre de shôjo – et la présence de l'étrange Cercle d'Hôtes, où de beaux jeunes hommes divertissent une clientèle faite de lycéennes.
Second point : les personnages. Non seulement tous ces jeunes plein-aux-as se montrent la plupart du temps en décalage total avec la réalité, mais en plus l'établissement regorge de personnalités atypiques, excentriques, délirantes, en un mot hilarantes : Tamaki, qui s'émerveille de tout et semble monté sur ressort, Kyoya, manipulateur à lunettes mais loin d'être aussi froid qu'il aime à le faire croire, Hikaru et Kaoru, jumeaux qui adorent faire tourner les gens en bourrique, Hani, au physique (et aux goûts) de gamin, Mori, calme et stoïque à l'extrême, Nekozawa, président du club d'occultisme, et bien d'autres encore. Nous pourrions penser que l'héroïne, Haruhi, est le seul personnage "normal" dans ce monde de fou : il n'en est rien ! Très terre-à-terre concernant certains sujets – comme l'argent ou la nourriture – elle ne porte aucun intérêt à son apparence, au sexe opposé, etc... En fait, elle avoue elle-même ne pas vraiment se considérer comme une fille, comme si ce sujet ne la concernait pas ; autant dire que si elle est parfois surprise par les délires de ses camarades, la plupart du temps, elle s'en moque royalement.
Host Club, c'est finalement l'alliance de protagonistes haut-en-couleur, de l'imagination de son auteur, et d'un véritable sens de la surprise : pousser la porte du Cercle d'Hôtes risque à tout moment de propulser le lecteur devant une scène surréaliste, irrésistiblement drôle. Ce manga mise avant tout sur l'humour, et à ce titre, il s'agit d'un régal de drôlerie. La mangaka se permet tout, justifiant chaque nouvelle excentricité par l'exubérance de ses personnages et leur fortune capable de financer les projets les plus farfelus. C'est un délice.
Pourtant, il possède aussi une portée dramatique notable. Non seulement les membres du cercle ne sont pas qu'apparence, mais nous comprenons tandis que la série progresse qu'ils n'arriveront pas à maintenir éternellement le statu quo, entre le départ de certains pour l'université, les problèmes familiaux, et les histoires d'amour (même si la première intéressée ne se sent pas spécialement concernée par ce dernier point). Heureusement, l'ensemble se ferme sur des solutions concrètes et un dernier tome hilarant.
Nous avons affaire avec Host Club à un des manga les plus drôles disponibles sur le marché français. Son dessin en rebutera certains, pour les autres ce titre sera synonyme de barres de rire et de bonne humeur. A consommer sans modération, cela devrait être remboursé par la sécu.