Commençons par le contexte : débarrassé des 5 jeunes x-men originaux (probablement catapultés dans nos comics pour attirés de nouveaux lecteurs) et leurs arcs catastrophiques, on a récemment retrouvé 3 des figures les plus emblématiques du mondes mutants (Jean, Cyclope et Wolverine) et l’ère d’X-Man (travesti pour l’occasion en un barbu aux cheveux long venu sauver le monde) touche, enfin, à sa fin. Okay.
Pour se sortir de là Marvel fait appel à Jonathan Hickman, auteur notamment de l’extraordinaire East of West (épopée Western bombardée de SF), mais pas non plus inconnu des fans du grand M puisqu’il y écrit régulièrement depuis plus de dix ans (Future Fondation, Dark Reign, …). Il aura pour boulot de superviser (et d’en écrire une partie) l’entièreté des séries X. Et son introduction prend la forme de deux séries imbriquées l’une dans l’autre : House of X avec Pepe Larraz au dessin et Power of X (10 en chiffre romain, #jeuxdemots) dessiné par R. B. Silva, le tout colorisé par Marte Gracia. Pourquoi deux série alors qu’elles ne peuvent pas se lire l’une sans l’autre ? Mystère.
Alors l’histoire c’est quoi ? Une nouvelle ère s’annonce pour les mutants : ils se regroupent, sous l’égide d’un Charles Xavier qui marche (mais si rappelez-vous il a le corps de Fantomex) et coiffé d’un Cérébro portatif, sur l’île mutante Krakoa. Ils proposent un marché aux gouvernements du monde humain : acceptez notre souveraineté et nous vous vendrons nos médicaments miracles.
Le pitch peut paraître un peu bateau comme ça ou un peu redondant (une île dédiée aux mutants… du jamais vu) mais je vous le dis d’emblée : ça CLAQUE !
Le départ (HoX #1) est abrupt, on ne sait pas trop où l’on est, ni comment on en est arrivé là, aucune transition n’est faite avec les évènements précédents (et aucune n’en sera faite après d’ailleurs), on est dans le floue. Au fil des pages on découvre les nouveautés au travers d’un discours de présentation interprété par Magneto à des représentants de différentes nations. Hickman entre-coupe son histoire par des pages (blanches) explicatives au design épuré dont les détails font penser à un écran d’ordinateur. D’abord surprenantes, elles vont nous accompagnées tout au long du récit pour nous paraître finalement indispensable. Elles étoffent son nouveau monde sans avoir recours à un gimmick scénaristique explicatif et donne un effet SF à son histoire. Le style me plaît.
C’est à partir de PoX #1 que les choses se compliquent. Entre en scène un personnage bien connu de la mutanité : Moira Mctaggert. Si l’on n’y était pas encore, on est maintenant hyperpropulsé aux confins d’un récit purement SF. Et c’est bon. Pour ne pas spoiler, on dira que le personnage (qui méritait depuis longtemps qu’on s’y ré-intéresse de manière approfondit) prend une place centrale et débute alors une fresque fantasmagorique étalée sur plusieurs couches temporelles. Complexe mais jouissif.
Finalement au cours de ces 12 épisodes, 6 HoX et 6 PoX (qui se lisent : HoX#1, PoX#1, HoX#2, PoX#2, …), on voit Hickman construire les bases de sa future mutanité et nous raconter la naissance d’un nouveau monde. Fans d’action passez votre chemin, le récit est calme et posé tout en possédant une certaine puissance. On prend plaisir (en tout cas dans mon cas) à redécouvrir, même partiellement, la quasi-totalité de la mutanité. Et pour les rares absents, certains indices semblent montrer que Hickman n’a finalement oublié personne.
Pour ce qui est de l’art du crayon, je préfère légèrement les traits de Larraz mais c’est juste une question de goût. On pourra noter le travail gigantesque de Marte Gracia qui colorise les deux séries et notamment sur les planches sombres auxquelles il donne, je trouve, une dimension profonde.
Finalement, malgré un départ en rupture totale, effet surement recherché, Hickman réussit à nous plonger dans sa nouvelle ère. Bien que je ne pourrais dire si on est emporté par l’espoir retrouvé des protagonistes ou si cela est plutôt dû à mon enthousiasme en découvrant ces pages (par rapport a tout ce qui les précède), le récit fait voyager. C’est bien construit, et l’auteur arrive à nous mettre l’eau à la bouche, à la fois en plaçant des personnages là où personnes ne les attend et en laissant planer certains mystères (allant même jusqu’à teaser rapidement son futur cross-over). Bref, on a l’impression qu’il connaît bien son sujet et qu’il sait exactement où il va. La suite (pour laquelle je suis rempli d’espoir, vous l’aurez compris), qui s’intitule Dawn of X, débute par 6 séries qui seront petit à petit rejointes par de nouveaux titres.
"Is what we have perfect ? No. What is ? But it’s a start… and a good one." Professor X