"Il ne faut pas confondre le maudit imbécile et le condamné"
Pour moi Franquin c'était Gaston Lagaffe, le Marsupilami, Spirou et Fantasio, Modeste et Pompon. Des gags que je retrouvais dans le magazine Spirou çà et là en feuilletant les bande-dessinés à la bibliothèque. Je trouvais ça sympathique sans particulièrement être fan. Et puis un jour j'ai découvert Idées Noires. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il s'avérait qu'André Franquin, malgré ses gags potaches, était un sacré dépressif. "Saperlipopette !" m'écriai-je alors "voilà quelque chose qui me parle". Quand j'ai découvert quelque planches en fouillant sur le net, je me suis dit qu'il fallait absolument que je lise ce concentré d'humour noir, cynique voire critique quand il s'agit de guillotine.
Le monde est triste, sombre, absurde et violent. C'est ainsi qu'un dépressif tel que Franquin voit les choses. Et la bêtise de l'homme ne fera que le conforter dans cette idée.Tant qu'à faire, il vaut mieux en rigoler. On en arrive alors à un étonnant mélange entre l'humour tel que le retrouve chez Gaston Lagaffe et des gags morbides, une violence macabre. Et puis André Franquin se lâche sur tous ceux qui le bouffent intérieurement ; les militaires, les arrivistes qui écrasent les esprits les plus faibles, les cons qui te disent que fumer c'est mal, les partisans de la peine de mort...
Mais André Franquin devient génial à partir du moment où il fait de sa dépression une oeuvre qui donne aussi à réfléchir.Cette planète-labyrinthe, ces grues dinosaures,la pierre immense qui descend sur cette homme qui court... C'est de la poésie en cases, le 9ème art dans toute sa noirceur.
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