La thématique repose sur une idée forte, complexe et assez dérangeante une sorte de peine de mort, mais pas vraiment, une épée de Damoclès menaçant la vie des «jeunes» entre 18 et 24 ans.
Postulat assez odieux pour qu'on attende de la part du Fonctionnaire (le personnage récurent de la série, celui auquel on peux, doit ? s'identifier) une forme de rébellion, en tout cas un évolution notable.
Il est vrai que sous cette forme narrative, assez proche en fait des épisodes d'une série télé, l'enchaînement des histoires (présentation du contexte - annonce de l'Ikigami - réaction - conclusion) est assez répétitive et risque à terme de devenir lassante.
Il est surprenant que l'auteur n'ait pas développé une histoire générale sur laquelle seraient venus se greffer les Ikigamis (un peut à la manière de "six feet under" ou chaque épisode raconte le décès d'une personne dans le cadre plus vaste de la vie d'une famille d'embaumeurs).
Pourtant, je pense que c'est ce choix qui fait la force de Ikigami, l'attente de réaction tient donc plus de la forme narrative que du fond.
Motorô Mase livre le truc brut, c'est bien, pas bien, ce n'est pas son propos. On est assez proche des écrits de Philip K. Dick.
Ikigami c'est un peu le Blade Runner des enfants. Des enfants qui ne sont plus que des sortes de répliquants à qui on fixe une durée de vie, un peu comme un produit.
Dans Blade Runner, comme dans de nombreux (tous ?) ouvrages de Philip K. Dick le narrateur ne prend pas partie, il décrit, il raconte, il détaille, mais c'est au lecteur de ce faire une idée et d'en tirer ses propres conclusions.
Le propos de Motorô Mase est le même. Le fonctionnaire n'est pas là pour se rebeller, je ne sais même pas si il est là pour juger, il montre c'est tout, le reste c'est notre boulot.
Doit on condamner ce type de loi, comment, que ferions-nous ? Voilà en quoi Ikigami est, à mon sens, pleinement réussit. Il pose des questions douloureuses (surtout quand on est parent) mais surtout n'apporte pas de réponses, ne cherche pas à influencer le lecteur et c'est très bien !
On se retrouve face à nos propres interrogations et c'est là que commencent l'aventure et la réflexion.
Quelle serait la portée de Ikigami si le fonctionnaire prenait partie ?
Un brûlot fasciste, si celui-ci prenait fait et cause pour la loi et le gouvernement, avançant des justifications réactionnaires à ses actes.
Une bluette pour ado, si celui-ci se transformait en super héros révolutionnaire. ...
Je rejoindrais toutefois David de IDDDB sur la Forme.
Au bout de 4 tomes j'ai un peu l'impression d'avoir fait le tour, je vais quand même manger les autres, juste pour voir, par souci de cohésion intellectuelle et parce que, forcément, moi aussi j'ai bien envie qu'il se bouge le petit fonctionnaire ... haaaa, l'attrait des happy end.
Il est intéressant de voir comment les problèmes de société d'une nation, peuvent devenir omniprésents dans leur représentation culturelle.
De même que l'Amérique qui n'en finit pas de régler ses problèmes avec la figure du père (le président héro ou salaud, Batman et les supers héros en général ...)
Le japon et à travers lui les mangas, retracent les traumatismes de cette enfance sacrifiée (Battle Royale, Akira, ...), ou Ikigami ne serait rien d'autre qu'une métaphore sur le suicide des jeunes.
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