Ikki Mandara par BAC

Grande fresque mélangeant fiction et histoire, Ikki Mandara évoque un épisode fondateur de la Chine, méconnu en Occident. Ce gros volume issu de l'impressionnante bibliographie du maître Tezuka est un chef d'œuvre très instructif, mais malheureusement inachevé.

Sanniang est la fille d'un pauvre fermier dans un village d'une province de Chine, opprimé par le pouvoir représenté par l'impératrice Cixi. Punie de 50 coups de bâton pour ne pas avoir payé les impôts annuels, la jeune femme tue le percepteur et s'enfuit. Elle croisera sur son chemin une troupe de rebelles, dirigée par Huang Lian, appartenant au mouvement des Boxers. Ce mouvement catalyse la colère du peuple opprimé et tourne sa haine vers les puissances occidentales présentes sur le sol chinois. Sanniang ne sachant où aller se joint aux rebelles et tombe amoureuse, comme Huang Lian, du leader de la révolte des Boxers. Mais tout ceci ne sera qu'un début aux aventures mouvementées de la jeune Chinoise qui la pousseront à voir de nouveaux paysages.

En animant un personnage fictif, Sanniang, Osamu Tezuka nous conte avec son grand talent une époque charnière de l'histoire de la Chine : la révolte des Boxers qui se répandit en 1900 sur tout le territoire chinois, face aux ambitions dévorantes des puissances étrangères. Tour à tour spectatrice puis actrice des évènements, l'héroïne imaginaire sera confrontée à divers personnages historiques. Ses aventures sont riches, complexes et parfois teintées d'humour comme le "pape du manga" savait si bien le faire. Son style graphique oscillant entre semi-réalisme et caricature cartoonesque fait toujours des merveilles et s'avère réellement indémodable. Il en va de même pour la narration et le découpage, d'une précision redoutable.

Ikki Mandara est une fresque historique aussi prenante qu'instructive prouvant une fois encore les grandes qualités artistiques dont disposait Osamu Tezuka. On regrettera une conclusion hâtive due à l'interruption de publication après six mois, à l'époque dans la revue japonaise Manga Sunday, à défaut de correspondre réellement à la ligne éditoriale du périodique.