Mélancolique
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Certaines lectures désarçonnent lorsqu'elles sortent du registre habituel dans lequel navigue leur auteur. Île Bourbon 1730 est l'une d'elle. Lewis Trondheim nous a habitué à des œuvres déjantés et drôles ce qui est loin d'être le cas ici. Trondheim est ici cantonné au rôle de dessinateur, le scénariste est Appollo, originaire de l'île de la Réunion anciennement nommé île Bourbon.
Nous suivons principalement un jeune homme venu de Paris pour aider un ornithologue venu chercher des oiseaux inconnus dans l'île Bourbon dont le fameux dodo. Arrivé sur l'île, les deux hommes découvrent un contexte particulier. Alors que le gouverneur de l'île viens de capturer le dernier pirate encore en activité (afin de lui ravir son trésor), le duo parisien s'enfonce dans l'île à la recherche d'oiseaux. Alors que la méthode de chasse du renommé ornithologue consiste a tuer tout ce qui vole devant ses yeux, le jeune apprentis semble plus sensible et observateur. Il va rapidement s'intéresser aux habitants de l'île et aux nombreux remous accompagnant la capture du dernier pirate. Le jeune apprentis va devenir fasciné par les pirates et la soif de liberté et d'égalité qu'ils représentent à ses yeux.
Non sans proposer un humour grinçant des plus réussi, les auteurs livrent ici un vrais rapport historique de la situation sociopolitique de l'époque. L’État a acheté l'amnistie de presque tout les anciens pirates et a instaurer une grande culture de café (acheté par la métropole) grâce aux multiples esclaves venant de Madagascar. Entre fin du rêve de la piraterie, esclavage, racisme, destruction de la faune endémique, soif de pouvoir du gouvernement de l'île ainsi que de l'église prémices d'un capitalisme acerbe.. le constat est amer et ne s'améliore pas au fil de l'histoire.
Le superbe dessin en noir et blanc de Trondheim se reconnaît au premier coup d’œil et apporte âme et vitalité à cette sombre histoire. Le contraste entre le fonds et la forme marche a merveille et apporte beaucoup de cachet à la bd.
Sans misérabilisme et avec beaucoup d'humanité, les auteurs montrent avec brio comment la France a utilisé l'océan pacifique afin de s'enrichir en supprimant tout rêve de liberté, en réduisent les population à l'esclavage et en détruisant la diversité locale.
En voilà une bande dessinée surprenante et acide, un roman graphique réussi tenant en grande partie sur son jeune personnage principal très réussi car finement écris. À Lire.
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Créée
le 16 nov. 2019
Critique lue 102 fois
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