Les bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes ?

Paradoxalement, je trouve qu'il y a un manque de fluidité dans cette BD. C'est surtout dû je pense au découpage haché, à l'ordre chronologique chamboulé, au choix de mêler histoire du surf et histoire personnelle. Évidemment sans ça, ça aurait manqué d'originalité et l'histoire du deuil aurait manqué de profondeur (on s'éclate avec le champ lexical de l'eau dans cet avis !). On est peut-être à la limite de la pudeur (clarté des traits, choix de la monochromie, quelques tableaux de vie commune, de maladie et de fin de vie) et de la superficialité (les métaphores sur les vagues y'en a un paquet, peu d'empathie peut-être, peu de réflexions autour de l'absence de l'autre, on va plutôt aller se plonger dans les biographies des mecs qui ont fait du surf ce qu'il est aujourd'hui). Le narrateur en sauve(te)ur de la personne aimée, le sacrifié à la cause peut être un peu irritant, c'est peut-être un poil complaisant mais son histoire m'a malgré tout touchée et je ne regrette pas ces belles planches où une atmosphère de suspension flotte parfois. Côté histoire du surf c'était intéressant de suivre le parcours de ces deux bonhommes même si je ne peux pas m'empêcher de penser que la vision du paradis perdu est sans doute un peu naïve et sans doute très occidento-centré. Mais c'est une première approche grand public qui a le mérite d'exister.

En somme une BD intrigante, qui ne me laissera peut-être pas un souvenir durable mais qui m'aura quand même reboosté sur le moment.