VOYAGES AU BOUT DU CRAYON

Généreux, l’album « Indélébiles » de Luz l’est en termes de pages (320), et de partages (non comptabilisés, les compteurs ayant explosé). 

Généreux comme l’est un Cabu qui est le fil conducteur de ses pages traversées par l’amour, la connerie, la création, les rencontres, la liberté, le travail, la complicité. Luz y montre la rédaction de Charlie Hebdo, celle qu’il a connue pendant 23 ans. Ça travaille dur, ça déconne doux.

« Catharsis » était un bordel d’exutoires au plus proche du drame (publié 9 mois après), avec une reconstruction encore délicate qui passe par une nécessité d’expulser comme on peut. Cet album est bouleversant. Une de ses planches m’a d'ailleurs énormément marquée, elle me revient parfois en tête.

Avec « Indélébiles » sorti en novembre 2018, le temps semble faire son œuvre. Ce qui permet à Luz de faire un pas de côté pour regarder l’effervescence qui semblait toujours animer cette belle aventure collective.

J’ai ressenti une joie enfantine à la lecture, cela m’a fait simplement du bien. Je me suis laissé porter par l’honnêteté tendre et rieuse qui habite la main qui dessine. Le dessin amène une intemporalité qui m'a gagné, j'ai voyagé. Je me suis surpris à lire les 320 pages d’une traite, en prenant le temps de regarder les moindres détails, pour arriver à des dernières planches aussi intelligentes que émouvantes.