Seconde moitié de la deuxième saison de Ultimates et surtout baroud d'honneur du duo Millar/Hitch sur la série. Pas de grands changements àl'horizon. Millar continue de faire du The Authority bis, c'est à dire des personnages au mieux inintéressants et faussement complexes/badass, au pire carrément détestable. l'Écossais continue d'accompagner ses histoires d'une critique politique mais ça ne vole pas très haut. Fury est donc décidé à protéger et défendre son pays plus que tout et par tous les moyens possibles, y compris contre d'autres puissances étrangères. Évidemment, l'incursion des Ultimates en Irak, justifié par la présence d'armes de destruction massives est une critique pas très subtile de la politique Bush. Certains trouveront ça super, pertinent, courageux ou transgressif, je trouve surtout ça un peu lourd.
Le couple Janet/Steve est vraiment la pire idée qu'on puisse avoir. Certes, la description d'un Steve Rogers très conservateur et finalement pas adapté à son époque est cohérent avec la volonté de réalisme de la série mais à nouveau, cette volonté de réalisme est une mauvaise idée. Millar tente d'écrire un Captain America plus fidèle à l'époque et donc totalement dépouillé de la moindre valeur mais le revers de la médaille, c'est qu'on ne parvient finalement jamais à s'attacher au moindre personnage : en refusant d'écrire le moindre héros parce que le concept serait devenu has been au XXIe siècle, Millar crée finalement une série creuse, un peu racoleuse mais en toc dans le fond. Il est persuadé de raconter des choses profondes sur l'Amérique d'aujourd'hui mais ce n'est qu'une impression.
La preuve c'est que Millar fait reposer sa série sur des mystères et des rebondissements. Qui est le traître dans l'équipe? On nous fait vaguement croire que c'est Captain America mais évidemment, personne n'y croit. Et quand la révélation tombe, on se demande exactement où Millar veut en venir. Et surtout le scénariste s'éparpille dans une myriade de piste qui ne raconte pas grand chose : la veuve noire et la revanche du communisme, cette équipe de surhumains créée par une coalition de pays qui voient d'un mauvais oeil l'ingérence des USA (y compris la France, dont on ne comprends pas vraiment la présence ici), Loki qui tire les ficelles dans l'ombre... Et puis finalement, cette nouvelle équipe use de méthodes tout aussi controversées. On a même le retour de Hulk qui vient filer un coup de main alors que ses potes ont quand même essayé de le buter sans état d'âme... et Tony Stark qui construit une gigantesque arme de guerre en secret... et Thor qui disparaît on ne sait où et qui réapparaît soudainement... Pour masquer la vacuité de son récit, Millar mélange tout et n'importe quoi et saupoudre le tout d'une vague critique du gouvernement US digne d'un lycéen en révolte (ce qu'a toujours été Millar dans le fond).
Et puis sur la fin, il faut bien conclure et faire quelque chose de Loki qu'on a à peine introduit. Donc Thor est bien un dieu Nordique (avec les incohérences que ça implique) et soudain, Loki déverse un déluge de créatures sur les USA (à se demander pourquoi il avait besoin de telles circonvolutions pour arriver à ses fins), rompant ainsi avec le réalisme de la série jusque là. Les planches de Hitch sont très jolies mais on ne peut pas se départir de la mauvaise impression que Millar n'a plus trop d'idées et n'a plus grand chose à raconter (si tant est que c'eut déjà été le cas).
Que retiendra t-on des Ultimates finalement? Pas grand chose. Si ce n'est la confirmation que Millar n'est pas (et n'a jamais été) un bon auteur, que Ultimates n'est pas un comics de super-héros mais n'est pas grand chose d'autre qu'un clone raté de The Authority et que Millar en a oublié le principal : des personnages que les lecteurs peuvent aimer. Ultimates est l'équivalent d'un pet foireux.