Hickman lance Infinity, premier moment fort de son run, event en 16 chapitres répartis sur trois séries. Et sincèrement, il ne déçoit pas. La série se concentre essentiellement sur les bâtisseurs et Hickman produit ses meilleurs passages dans la lutte menée par les Avengers et la coalition intergalactique, donc la partie spatiale dépendant davantage de sa série Avengers que de celle actuellement critiquée. Pour autant New Avengers ne démérite pas, gardant l'excellent niveau du premier tome. On retrouve par ailleurs l'aspect société secrète, cachée, et l'importance de privilégier leur mission première à absolument tout. Même si ce second tome doit impérativement être associé à Infinity en première lecture, Hickman a suffisamment compartimenter ses séries pour le lire par la suite comme un véritable maillon indépendant entre le premier et le troisième. Je le critiquerai donc séparément du reste de l'event.
Cet album se concentre essentiellement sur la relation Namor/T'challa, rivalité acerbe entre les deux souverains néanmoins forcés de collaborer en ces temps d'apocalypse. L'avant Infinity présente ainsi la guerre qui se profile entre le Wakanda et les Atlantes. Des meurtres sont commis de part et d'autre mais le prince des mers souhaiterait apaiser les tensions. Cet élan de pacifisme coûtera très cher à son peuple...
Le pire arrive avec l'arrivée de Thanos et le début d'Infinity. À la recherche des pierres disparus et de son mystérieux tribut réclamé aux inhumains, il vise directement les membres des Illuminatis. Ces derniers rentrent en résistance mais leurs faiblessses ne tardent guère à se faire voir : Si New York et le Wakanda déjà sur le pied de guerre tiennent tête aux armés de l'orbe noir ; Namor brisé au milieu de son royaume désigne T'challa comme possesseur de la gemme, le fauve ploie à l'école Jean Grey et le docteur Strange se fait posséder par le terrible chuchoteur.
Mais l'invasion n'affecte pas ou peu le groupe en profondeur, on sent que le combat se joue ailleurs pour eux, à un tout autre niveau. C'est particulièrement frappant lors de leur réunion, ils oublient presque de vérifier que les proches de leurs frères d'armes se portent bien et acceptent sans broncher la destruction d'Atlantis. La défaite de Flèche noir n'aura pas lieu dans New Avengers, bien justement car elle semble anecdotique. Ce dernier perd à son tour son royaume et la confiance de sa femme. Tous abandonnent progressivement leur vie et leur âme à l'image d'un Black Panther renié par ses suivantes, par sa sœur, par son peuple. Lui et Namor trinquent à la fin du monde, toujours rivaux mais aussi proches camarades dans le combat pour la survie.
Dans les moments importants de cet album on notera également la rencontre de Thanos avec Black Swan. Et le titan fou sent le danger dans le corps svelte et agile de cette femme tout de noir vêtu. Par ailleurs, la nouvelle incursion joue évidemment un rôle dans ce tome, apportant l'explication à l'évent même (pourquoi la vague de destruction de cette race dans l'univers), des éléments sur le flux multiversiel, la destruction d'une planète et une question lourde de sens.
En conclusion, Hickman poursuit sur la très bonne dynamique du premier tome. Il incorpore parfaitement la série dans l'évent tout en conservant son identité. Les dessins sont toujours aussi réussis (l'image de Namor dans une Atlantis en ruine est parfaite), la psychologie des personnages profonde avec un vrai développement des 3 souverains, la qualité des péripéties satisfaisantes. Il alterne à merveille dialogues et combats, laissant le gros des affrontements aux deux autres parties de l'évent. Du très bon comics pour un run de grande qualité, le meilleur restant à venir.