Six histoires. Attention aux spoils !
D’abord, une famille vulnérable endoctrinée par les témoins de Jéhovah. On est frappés par leurs mensonges (suggérer que le père mort pourrait ressusciter), leur hypocrisie (notamment la camarade lesbienne qui avoue son homosexualité à l’héroïne, mais refuse de l’écouter en retour quand elle a des doutes) et leur violence (évidemment morale mais aussi physique de la part du mari de l’héroïne). Mais on peut s’en sortir, avec les bonnes rencontres (que les témoins de Jéhovah essaient de limiter, bien sûr).
Une jolie histoire d’amour où l’homme est ordonné prêtre et ne peut donc pas épouser la femme qu’il aime. Il renoncera finalement à son priesthood, devient prof d’allemand et épouse sa promise. Encore une fois, c’est la religion qui empêche leur bonheur.
Une autre histoire d’amour dont les protagonistes se rencontrent à Lourdes (encore une histoire avec des chrétiens ! mais c’est la dernière) et mettent du temps à se trouver car pas disponibles aux mêmes moments. Cette histoire ainsi que la précédente sont les plus courtes et les moins intéressantes malgré leur ton plus léger et positif.
Une histoire (mais cette fois sans chrétiens ni histoires d’amour) au Rwanda au début du terrible génocide. Le héros et sa famille seront immédiatement rapatriés en France, mais les personnages que le héros aura connus là-bas mourront tous, sauf un qui sera complice de l’horreur.
Une histoire de viol, qui m’a trotté dans la tête plusieurs heures après l’avoir lue. On y retrouve la difficulté de nommer ce qui est jusque là indicible (quand elle entend pour la première fois le mot « viol » associé à ce qu’elle a vécu, il est à la fois évident sans qu’elle ne l’ait jamais utilisé plus tôt), le traumatisme en particulier lié à l’endroit (son appartement !), les psys nuls, les flics inutiles, etc. Elle écrit finalement une lettre à son violeur (qu’elle n’ait pas l’intention d’envoyer), et ça lui a permis d’ouvrir les vannes.
Et enfin, encore une histoire qui secoue, un type qui commet de petits larcins et du trafic de drogue jusqu’au vol de voiture, et qui va donc en prison, cette école du crime, où il arrête de fréquenter des « branleurs de cité » et passe dans le grand banditisme. Il « rechute » plusieurs fois (ie il retombe dans la délinquance à chaque fois qu’il sort de prison), et finit par participer à des tables rondes et autres rassemblements où il expose des magistrats et des gens du ministère de la justice à la réalité de la prison. Sa connaissance du sujet sera finalement constructive.
Agréable à lire, bien dessinée, prise de tête mais dans le bon sens du terme.