Les personnages parlent beaucoup, la spectatrice entend du vent

Le deuxième acte, le dernier film de Quentin Dupieux (par convention, notons le 0), et celui que j’ai le moins apprécié.

Behold, le scénario raconté dans le sens naturel, opposé à celui de la narration. Des acteurs jouent dans un film (notons le 1) réalisé et monté par une intelligence artificielle. Ce film met en scène des acteurs qui jouent leur rôle dans un film (notons le 2), mais s’interrompent pour exprimer des simagrées (à quoi bon faire de la fiction quand il y a des morts à Gaza, les dialogues du film 2 sont clichés, faut pas dire du mal des pédés pour pas se faire cancel…), le tout à coups de plans-séquences. Oui Quentin, on a vu que c’était des plans-séquences, je suis très impressionnée, c’est pas la peine de nous montrer les rails à la fin du film 0 ; si c’est ça, c’est le réalisateur qui sort du film 0, ce qui est dans l’esprit du truc mais un peu déplacé et prétentieux.

Puis un personnage du film 1 se suicide, pour faire écho au suicide de son acteur à la fin du film 0 ; ces deux morts sont inutiles, la première est désamorcée par la révélation que c’était en fait un acteur, et la deuxième ne raconte rien (on ne se suicide pas parce qu’on a pas eu un 06 ; il se passait autre chose dans la vie de ce gars mais on saura pas quoi). Et enfin quelqu’un suggère qu’on peut donner à la réalité la légèreté de la fiction et à la fiction la prégnance de la réalité.

Ce dernier point veut ridiculiser les gens qui refont le monde et qui ont de grandes théories sur tout et n’importe quoi. Mais Dupieux veut rendre floue la frontière entre la fiction et la réalité en nous balançant d’un niveau de réalité à un autre (parce que oui, on nous fait croire au début qu’on est en train de regarder le film 2 dont les personnages brisent le quatrième mur, puis on en désamorce les enjeux en révélant que ce sont des acteurs qui jouent dans le film 1). Et puis ça parle de l’intelligence artificielle, des producteurs… J’imagine que ce film 0 veut parler du cinéma en tant qu’art et en tant qu’industrie, mais il m’a surtout barbée par ses poncifs et son absence d’action.

J’espère ne pas avoir été trop verbeuse et floue. Dommage que les films sur lesquels j’ai des choses à dire sont aussi des films que je n’ai pas aimés.

HagiaSophiaFaure
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le 25 mai 2024

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Sophie Faure

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