Original sur le fond comme sur la forme
Des mechas, on a déjà tout vu. Leur taille, immense. Leur allure, toujours très recherchée. Leurs armes, de destruction massive. Leur cockpit, à la sophistication inouïe. Leur hangar, à leur échelle... Il n'y a que leurs entrailles qu'on ne connaît pas, ou si peu : à peine aperçues dans l'adaptation en série TV du manga Getter Robo (Go Nagai & K. Ishikawa ; 1974) et dans sa suite Getter Robo G (1975), principal lieu de vie des protagonistes de l'anime Space Runaway Ideon (Yoshiyuki Tomino ; 1980), elles restent peu exploitées dans les diverses productions du genre qui leur préfèrent en général des scènes d'extérieur où l'action peut prendre toute son ampleur. C'est pourtant ce cadre-là que choisit Jean-David Morvan pour commencer le récit de Méka.
Planche intérieure du premier tome de la BD MékaUn choix qui, d'emblée, place donc Méka à part. Car, aussi surprenant que ça puisse paraître, le premier tome de cette courte série nous propose un huis clos. Et comme la plupart des narrations articulées autour d'un tel procédé, Inside fait la part belle aux tensions qui agitent les deux personnages piégés à l'intérieur de leur Méka tout en nous renseignant d'ailleurs en même temps sur les dimensions proprement colossales de cet engin. Au lieu de l'exploration d'un univers, l'album nous propose donc de découvrir deux protagonistes dont les caractères respectifs rendront leur cohabitation forcée pas toujours simple ; à leur décharge, on admettra volontiers que leur situation de naufragés en zone de guerre ne prête pas à rire pour commencer.
Et à cet effet, le dessinateur Bengal nous propose des graphismes pour le moins originaux. Évoquant plus des esquisses que des dessins à proprement parler, ils ne vont pas sans rappeler le Olivier Ledroit d'une époque, ce qui ne plaira pas forcément à tout le monde, mais ils confèrent aussi à l'action un dynamisme rare de même qu'un sens de la démesure qui exprime à merveille la force de frappe titanesque des Mékas. Il faut aussi souligner un mecha design tout en courbes qui rappelle assez Masamune Shirow et donne aux diverses machines une identité et une personnalité fortes ; y compris, et comme il se doit vu le thème de ce premier volume, aux entrailles du Méka abattu dont les mécanismes internes pourront se montrer... surprenants.
Planche intérieure du premier tome de la BD MékaInhabituel à bien des égards, ce premier tome de Méka s'affirme comme une surprise agréable qui laisse présager une conclusion hors norme : si les mechaphiles ne voudront pas passer à côté, les autres se verront bien inspirés d'y jeter un coup d'œil – ils y trouveront l'occasion de constater que les récits de mechas ne s'articulent pas toujours forcément autour des mêmes clichés.
Ce qu'on ne répétera jamais assez...
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