"Faugh a Ballagh !"
Ben alors, on ne connaît pas la devise irlandaise par Saint Patrick ?
Rendez-vous dans mon commentaire !
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Blutch et Chesterfield, c'est un peu Cauvin et Lambil !
Depuis le temps qu'ensemble ils créaient cette BD initialement dessinée par l'éphémère et regretté Salvérius...
D'ailleurs, ils se racontaient et se caricaturaient eux-même dans cette BD elle aussi éphémère et auto-parodique " Pauvre, pauvre Lampil !" peu connu mais pourtant doté de beaucoup d'humour...
Cette histoire, c'est un peu comme leur héros dans cette BD : ils sont séparés..
C'est vous dire si j'étais angoissé à l'idée de voir un autre duo 'autre pondre "Les tuniques Bleues" (essai lamentable) mais voilà-t-y pas qu'un autre scénariste rejoint Willy pour ne pas le laisser orphelin...
Cauvin étant à mon avis irremplaçable, et pour moi un des meilleurs scénaristes de son époque, qu'est-ce que ce ne numéro soixante-six allait donner ?
Et bien le résultat est à la hauteur de mes attentes et ne dénature pas l'esprit original.
Chapeau à Kris de ne pas avoir transformé une Delahaye d'avant guerre en automobile à fils et respecté l'ambiance d'une époque qu'il n'a pas connue.
... A Cauvin également : comme tant d'autres lecteurs de Spirou (où la BD des tuniques est née) je me suis demandé pour le scénario : "Où vont-ils trouver tout ça ?" En effet, les sources d'inspiration sur le sujet s''inscrivent dans un contexte d'action bien plus limité que la plupart des autres BD et risquaient de se tarir au bout de soixante récits... Peut-être la cause du jet de l'éponge par Raoul au bord de l'épuisement intellectuel ?
Ben non, Kris a enrôlé des irlandais dans la bagarre sur la guerre de sécession qui a cessé c'est sûr, et son scénario d'aventures renoue avec les gags plaisants et situations burlesques qui faisaient mon admiration chez Raoul... Le ton est respecté, l'esprit aussi avec un sang neuf, et c'est bien là l'essentiel ! Merci saint Patrick ! Salverius ne se retournera pas cette fois-ci dans sa tombe...
Vous lisez mes propos ? Bravo et merci : en récompense je vous livre cette confidence :
Willy Lambil, (de son vrai nom Lambilotte) dessinateur belge, est tombé tout petit dans la marmite de potion magique de Spirou... Jeune lecteur assidu, (Spirou, ami, partout, toujours) Il avait envoyé un dessin au "Fureteur", lequel commentait les essais des jeunes fans de dessins de petit Mickey en herbe" qui sollicitaient l'avis d'un pro. Il lui avait conseillé de se rôder avec des esquisses d'après nature...
J'ai encore cet album du journal (toute la collection des uniques aussi) et tous les suivants, ce qui m'a permis de retrouver bien après Willy entré dans le dessin des BD avec " Sandy" l'histoire d'un gamin qui avait pour mascotte un kangourou, mais qui n'avait pas atteint la notoriété d'un Lucky Luke pour ne citer qu'un exemple... Un kangourou ne sait pas se seller tout seul comme Jolly Jumper et la série ne décollait pas trop : l'Australie, c'est loin !
Au décès de Salverius, Cauvin, qui a un sacré coup de dessin aussi, cherchait un repreneur et c'est Willy qui s'y est collé, avec le succès qu'on sait ! Il a du génie dans le crayon.
Très longtemps après ces anecdotes se tenait une séance de dédicaces de BD à Lys lez Lannoy (Nord, pas loin de Lillle) ou Lambil était présent me permettant de faire sa connaissance et nous avions sympathisé : il m'avait dédicacé un album avec un texte relatant notre point commun... qui n'est pas d'être irlandais.
Ce qui ne nous a pas empêchés son travail de forçat achevé, de faire comme en page 27 de cet album en dégustant un breuvage " ...qu'il faut laisser reposer avant de servir, comme un soldat, quoi !" (sic)
Vive la Belgique, vive l'Irlande, et vive les joueurs d'accordéon et merci à Willy d'avoir égayé tant de fois mon paradis de BD ! Et à Kris d'avoir repris le flambeau.
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01.04.2024-