Ce tome 2 est encore plus réussi, le dosage entre les scènes de bataille et les scènes de palais est bien mesuré, la politique est toujours au coeur des problèmes, et surtout tous les faits exposés ici sont exacts, les 2 scénaristes ne faisant que suivre le cours de l'Histoire qui s'articule toujours autour de l'intrigue des Rois maudits. Il n'y a qu'un détail qui n'est pas forcément vrai, c'est la cause réelle de la guerre de Cent Ans (qui éclate en fin d'album). Beaucoup d'historiens en donnent des raisons différentes, et beaucoup d'auteurs d'autres BD que j'ai pu lire comme le Trône d'argile par exemple (et pourtant c'est une sacrée référence en BD) se laissent emporter par la thèse officielle qui est l'ambition d'Edouard III à réclamer la couronne de France grâce à son lignage (héritier direct par sa mère Isabelle) ; en fait, c'est un prétexte, la vraie raison étant avant tout le désir de récupérer la Guyenne confisquée pour ne plus avoir à rendre l'hommage au roi de France, cette position de vassal étant perçue par lui comme humiliante. Pour moi c'est la thèse à laquelle je souscris, et qui est admise par plusieurs historiens.
Graphiquement, Calderon se surpasse encore, j'ai eu l'occasion de le rencontrer en dédicace lors d'un petit festival BD près de chez moi, mais pour une autre BD (les Voies du seigneur), et comme il parle un peu français, nous avons pu discuter de ses sources. Il m'a avoué ne pas se servir d'internet, préférant le Musée d'Histoire de Barcelone et le Musée de l'Armée à Paris, ainsi que quelques bouquins. Il adore cette période moyenâgeuse, et ça se sent quand on voit sa précision des costumes et des armures ainsi que les pierres des salles de châteaux, bref un côté pointilleux et un soin des édifices et des armes, bien qu'il ait fait une petite erreur sur des épées qui sont plutôt du XVème siècle, mais au coeur d'une telle perfection graphique, c'est pas bien grave.
Là encore, le supplice d'Edouard II est montré sobrement, je m'y attendais car cette mort piteuse est bien trop horrible, de même que le supplice de Despenser est à peine montré. Je trouve que Calderon réussit mieux ses visages, c'est flagrant sur ceux d'Isabelle, de Mortimer, d'Edouard III ou de Robert d'Artois...
Au final, un second album qui termine un diptyque fabuleux pour les amateurs d'Histoire médiévale comme pour les néophytes.