Quand la solitude trouve un refuge en poésie

Jane, le renard et moi, c’est un peu comme découvrir une lettre oubliée dans un livre : doux-amer, profondément intime, et chargé d’une mélancolie qui résonne longtemps après la dernière page. Fanny Britt et Isabelle Arsenault tissent ici un récit à fleur de peau, où chaque mot et chaque trait vibrent d’émotions contenues.


L’histoire suit Hélène, une jeune fille isolée par le harcèlement scolaire, qui trouve refuge dans les pages de Jane Eyre et dans l’espoir qu’un jour, tout ira mieux. Ce qui aurait pu être un simple récit sur la solitude devient, sous la plume de Britt, une exploration délicate des angoisses adolescentes, de la résilience, et des moments fugaces qui éclairent l’obscurité.


Isabelle Arsenault livre des illustrations qui subliment le texte. Son utilisation subtile des couleurs, où des nuances de gris côtoient des touches de rouge et d’orangé, reflète parfaitement l’état d’esprit d’Hélène : un monde souvent terne, mais traversé par des éclats de beauté inattendus. Chaque page est une œuvre d’art, et les scènes où le renard apparaît sont d’une poésie visuelle à couper le souffle.


Le ton est à la fois tendre et cru. Britt ne cherche pas à embellir la douleur d’Hélène : elle la montre telle qu’elle est, avec ses moments de désespoir et ses petites victoires. Mais elle ne tombe jamais dans le pathos, préférant laisser la lumière percer à travers les ombres. Le lien entre Hélène et Jane Eyre est particulièrement bien amené, soulignant comment les histoires peuvent devenir des bouées dans les tempêtes de la vie.


Le seul reproche qu’on pourrait adresser à Jane, le renard et moi, c’est sa brièveté. Les 100 pages défilent presque trop vite, et on aurait aimé passer un peu plus de temps avec Hélène, pour explorer davantage son univers intérieur. Mais cette concision fait aussi partie de la magie de l’œuvre : elle dit juste ce qu’il faut, sans jamais s’étirer inutilement.


En résumé : Jane, le renard et moi est une bande dessinée à la fois douce et percutante, une ode à l’imaginaire et à la résilience. Une œuvre qui parle à l’enfant que nous avons été, et à l’adulte que nous sommes devenu(e). À lire comme un murmure, ou comme un cri silencieux, mais toujours avec le cœur grand ouvert.

CinephageAiguise
8

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le 22 nov. 2024

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