Elle est toute seule, toute seule dans les couloirs de l'école, toute seule dans le bus. Avant elle était accompagnée de ses copines et, un jour, l'une d'elles a décrété qu'elle n'aurait plus d'amie. Elle les voit se moquer d'elle. Et puis il y a les mots griffonnés dans les toilettes.
Oui, elle est persuadée qu'elles ont raison: elle est grosse comme une saucisse et puis ça se trouve elle pue comme elles le disent.
Il va falloir pourtant partir en Angleterre avec la classe. Bien-sûr elle se retrouve avec les sans bande. Seule encore parmi les esseulées...
Encore heureux qu'elle a Jane Eyre. Elle lit le livre de Charlotte Brontë et découvre cette pauvre enfant orpheline qui jeune femme se mettra au service d'une famille. Et il y a la rencontre avec le renard.
Et il y a ces yeux bleus qui clignent tout le temps. Le malaise va s'effacer.
Ce roman graphique, entre bande-dessinée et album, est la confidence de cette gamine au début de l'adolescence.
Elle est mal dans sa peau, dénigrée et même harcelée par les autres. Tout est gris autour d'elle, elle n'a plus le goût à rien. Sauf en ce roman, cette histoire de fille, Jane, qui devient quelqu'un, "adulte et brillante et mince et sage". Elle se reconnait en elle et pourtant ce double fictif, lui, est apprécié. Ou presque... enfin si.
Et le roman l'a déstabilise, comme la vie, comme les nouveaux partages, le changement de regard et d'attitude, d'elle et des autres. Les couleurs reviennent, comme une amitié, une pousse qui grimpe et se propage.