Une bande dessinée comme une confession. Un pendant de vie croqué pour l'auteur lui-même presque plus que pour les lecteurs. Et puis non, il y a aussi ce magnifique message qui nous atteint. Le croisement amoureux de notre narrateur et d'une femme pâle et frêle mais si intense qu'est Caty.
Ils se côtoient un peu, se perdent de vue, se revoient. Elle aimante l'esprit du jeune homme et un jour la petite musique de l'amour commence. Douce, tranquille, sans accroc. Ou presque.
Parce qu'ils veulent du sérieux, elle dévoile sa face noire, la maladie: elle est séropositive comme son fils de 4 ans.
Ce sont tous ses sentiments à lui qui arrivent par soubresauts... des demi-secondes incluant tous les extrêmes, possession, pitié, fuite, passion, désir, punition, rejet, tristesse, abus; de bonnes doses de courage, d'admiration aussi. Leur amour physique est sous la pesante contrainte de la transmission possible, cette camisole. La bande dessinée présente l'intimité d'une union, d'une compréhension, d'un besoin de soutien. Elle marque son temps aussi dans les interactions aux autres, à la famille, aux amis.
La maladie reste toujours effrayante avec ce traitement, ces pilules bleues, ces inspections personnelles de toutes les plaies, ces passages à l'hôpital du petit garçon. Mais elle y gagne un visage, un avenir; surtout depuis la réédition de cette BD dix ans plus tard avec un "épilogue" sur la vie qui continue des protagonistes. Elle dépeint aussi une énorme bulle de compréhension de la part du médecin.
Un rhinocéros n'est pas souvent rencontré dans la rue, un mammouth l'est beaucoup plus dans les réflexions existentielles de l'auteur. Ce côté fantastique ne déstabilise pas et donne à penser aussi à nous lecteurs. Puis Caty est dévoilée dans ce qu'elle croit être sa culpabilité, puis son courage, sa force, son enthousiasme.
Ce récit est bouleversant de sincérité, d'amour et aussi de fraicheur. La spontanéité des sentiments et ce défi sur la vie est un message salvateur, pour eux... et pour nous.