Pilules bleues par Nanash
Quand on est enfant on se dit que pendant la seconde guerre mondiale, on aurait surement été un résistant exemplaire, qu'on aurait tenu une fourche plutôt qu'un sceptre à la révolution. Bref, on a l'intime conviction qu'on aurait eu la "bonne" attitude. Et puis en grandissant on se rend compte qu'on ne sait pas ce qui ce serait passé. On a beau se connaître plutôt bien, c'est le genre de questions qui restent en suspend.
Les cours d'histoire étant maintenant loin, les interrogations quant à nos réactions face à des situations données trouvent d'autres sujets. Après avoir fini "Pilules Bleues" je peux le dire, si ma compagne se découvrait séropositive, j'aimerai gérer cela comme Frederik Peeters.
L'auteur n'a pas uniquement un grand talent d'écriture et de mise en scène qui font de la lecture un moment très agréable. Avec cet album autobiographique il réussi surtout à exposer un sujet sensible (et qui m'est parfaitement étranger) de façon humaine et non manichéenne, à parler publiquement d'une relation intime sans voyeurisme ni leçons de morale. Voulu ou pas l'ouvrage participe également à dépassionner la maladie en traitant de faits médicaux sur le traitement, le virus etc.
En ce qui concerne l'esthétique, le dessin réalisé par l'auteur ne me séduit pas vraiment mais participe à garder l'ensemble de l'oeuvre dans le domaine de l'intime.
Tantôt poétique, cru, doux, furieux, drôle ou triste, "Pilules Bleues" représente le premier roman graphique lu, qui mérite ce titre pompeux. 9/10