Des fleurs pour Algernon par Nanash
On m'avait pourtant prévenu, ce livre c'est de l'émotion imprimée.
L'histoire est simple, une expérience scientifique donne accès à un attardé mental d'une trentaine d'années à une "intelligence" supérieure. Cette intervention est-elle une bénédiction ?
[spoiler mais léger]
Charlie Gordon se voit donc doté d'un intellect qui évolue depuis la petite enfance jusqu'au génie. Il s'ouvre au monde en quelques semaines alors que cela prend des dizaines d'années aux humains. Sauf que le développement du cerceau ne remplace pas l'apprentissage des relations humaines, des sentiments et de l'amour. Il se trouve donc tout à fait désemparé d'autant plus qu'il revit pendant la nuit les évènements de sa petite enfance en tant que spectateur. Il voit tout ce que le monde lui a fait subir, ses soit-disant amis qui riaient à ses dépend et à qui il fait maintenant peur, sa famille et notamment sa mère qui n'a jamais accepté sa différence.
Charlie rejette sa condition de "chien savant", il devient rapidement plus instruit que les savants, et il se rend bien compte que l'expérience aura une fin funeste. Le petit simplet n'a pas disparu, il intervient toujours dans la vie de son double érudit et dresse des barrières dans son comportement. Charlie est et était digne, il le sera jusqu'à la fin.
Daniel Keyes joue parfaitement bien sur le rythme, le livre est le journal du héros. Il reflète son évolution, les chroniques journalières sont simples et pleines de fautes au début, elles s'étoffent et se complexifient au rythme de l'éveil de Charlie. L'histoire nous attrape et nous relâche fourbu, oui on est touché mais on pense tenir le coup, jusqu'à la dernière phrase où le verrou lâche ... (j'ai la gorge de nouveau nouée en y pensant).
Magnifique: 10/10