Cabane en rondin et éloge de la virilité de l'homme des bois.

J'ai lu les deux tomes que constituent ce Je ne suis pas mort, et si le premier était sympa (avec des réserves) le second tome fini quand même dans ce qu'on appelle abusivement le "cringe."

En gros, l'histoire de Je ne suis pas mort(les titres des mangas japonais ressemblent parfois à ceux des films intello français) raconte celle de Kenzô Okada, un pauvre salaryman qui perd tout ("sa femme, ses gosses et son job") et tente de se pendre dans la fôret. Au lieu de tomber sur un youtuber en mal de reconnaissance, il se dit que la nature c'est pas si mal et fini par mener une vie d'homme des bois. Il tombe même sur une femme enceinte qui tente de se suicider et la sauve.

Le manga peut se voir de deux manières :

Soit vous le prenez comme une ode au "retour à la nature" à la réappropriation des biens par son propre travail, de dire merde à une société de consommation déshumanisé et sur la façon dont on peut se surpasser. Avec une philosophie de vie assez intéressante et loin du côté "performatif" de la société japonaise qui fait du bien.

Soit vous le prenez comme un manga foncièrement régressif qui derrière une caricature prône un retour au virilisme : l'homme des bois, qui porte ses couilles et va sauver la fragile femme qui le prend comme époux. Car les femmes dans ce manga sont soit totalement vénale (c'est la femme de x qui le plaque du jour au lendemain, vide son compte en banque sans une once de remord) soit fragile et soumises (c'est la femme qui tentant de se suicider trouve refuge dans la cabane de... et qui insiste pour que celui-ci devienne son époux.)

Au point que la fin du deuxième tome (habillement spoilé par la couverture... merci Delcourt) m'a fait tomber le volume des mains tant c'est "urk" [ATTENTION JE SPOILE TOUT]

Le fils de Kenzô subit une chûte similaire à celle de son père : peu de boulots intéressants et une vie de trentenaire fauché. Enquêtant sur son père, désormais décédé, il décide de suivre ses traces et rachète même le terrain où celui-ci à vécu pour vivre en autonomie.

En dehrs de c'est qu'il est surtout irréaliste : tu met des mecs qui n'y connaissent rien en pleine nature, ils vont crever de faim. Je veux bien que construire une cabane ça puisse se faire quand on a un minimum de sens du bricolage, mais faire des pièges à sanglier, chasser les oiseaux ou faire son potager, c'est autre chose.

Je connais plus d'un zadiste en herbe qui s'y est cassé les dents : la vie en autonomie, c'est juste impossible. Hélas. C'est comme ce manga : même si ça part d'un bon sentiment, ça reste un peu n'importe quoi.

le-mad-dog
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le 26 janv. 2023

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Mad Dog

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