Je ne suis pas un ange par ReineMargot
Je ne suis pas un ange est probablement le manga d'Aï Yazawa que j'ai le moins aimé. Attention, ça ne veut pas dire que je ne l'ai pas aimé : à mon avis, il reste largement au-dessus de la majorité des shojo classiques. Classique, il l'est justement, mais tout de même moins que ce que laisse penser le premier tome.
Comme toujours chez Aï Yazawa, on trouve des situations qui semblent typiques du shojo mais qui se révèlent beaucoup plus réalistes et beaucoup plus fines que ce que l'on peut penser. En témoigne l'histoire de Midori et Akira : elle l'aime en secret, ils se rapprochent, ils sortent ensemble, arrive une "rivale" et la jalousie qui les pousse à rompre.
Cependant, la manière dont le sujet est traité montre encore une fois le talent de l'auteur pour analyser la psychologie des personnages et les rendre crédible. Les différentes histoires sont touchantes et on ne reste jamais dans des histoires manichéennes. Le meilleur exemple est selon moi le triangle amoureux entre Mamirin, Takigawa et Shino. Il serait facile de faire passer Shino pour la méchante mais l'auteur parvient à la rendre attachante malgré tout. La manière dont elle sort avec Takigawa, comme il s'attache peu à peu à Mamirin, tout cela semble vraiment réaliste.
Ce qui me gêne, en réalité, c'est le caractère de l'héroïne. Midori est un peu agaçante. Même si on peut la comprendre, il est assez difficile de s'attacher à ce personnage solaire que tout le monde adore. La force des oeuvres d'Aï Yazawa est de présenter les personnages principaux avec leurs qualités et leurs défauts, ce qui leur donne leur consistance et permet l'identification du lecteur. Miwako, Nana, Yukari sont loin d'être parfaites et c'est avec plaisir que l'on suit leur évolution. Midori n'a pas vraiment ce problème puisqu'elle est fantastique, douée, rigolote, et que tout le monde l'aime. Tous ses problèmes sont liés à son histoire avec Akira, mais en dehors de ça elle parait un peu trop "fabriquée" pour être vraiment touchante. C'est d'ailleurs ce qu'explique l'auteur dans les pages bonus : elle a pris le parti de faire une héroïne positive, et elle raconte comment son éditeur l'a influencé pour modifier certains passages. J'imagine que sans ces modifications visant à faire de Midori une héroïne gentille et joyeuse, le personnage aurait été moins stéréotypé shojo et donc plus sympathique.
Cependant, il serait dommage de se priver de cette oeuvre de jeunesse qui recèle son lot de personnages charismatiques et loufoques, de situations drôles et de scènes dramatiques.