André Benn aime les récits fantastiques qui se déroulent dans l’Angleterre Victorienne. On le savait déjà depuis la parution des aventures du détective écossais « Mic Mac Adam » dans le journal de Spirou dans les années 80, on en a la confirmation avec « Le Magicien de Whitechapel ». Cette nouvelle trilogie, dont le premier tome vient de paraître, raconte l’histoire à la fois triste et enchanteresse de Jerrold Piccobello, dans les rues envoûtantes du Londres de la fin du XIXe siècle. L’histoire démarre lors d’une audition. Bien que Piccobello soit l’un des meilleurs magiciens du Royaume-Uni, il se fait remballer de celle-ci comme un malpropre. Certain d’avoir touché le fond, il revient alors sur les lieux de son enfance, là où tout a commencé pour lui: le théâtre « The Eagle ». André Benn se sert de cet endroit magique comme point de départ pour toute une série de flash-backs qui vont lui permettre de (lentement) mettre en place tous les éléments de son récit. Jerrold et sa soeur Dazy sont recueillis dans ce théâtre après la mort de leur père Nico. Celui-ci vient alors d’être assassiné par Black Neb, un truand qui apprécie assez peu qu’on se joue de lui. Or, le père de Jerrold et Dazy était ce qu’on appelle un « Grec », à savoir un tricheur professionnel. Surnommé « le cracheur », il avait pour (mauvaise) habitude de garder dans sa joue un dé truqué dont il se servait pour gagner à tous les coups après avoir fait semblant de cracher sur les dés pour conjurer le mauvais sort. Sauvés in extremis des griffes de Black Neb, qui voulait également leur faire la peau, Jerrold et Dazy sont recueillis dans le théâtre « The Eagle » grâce à un ami de leur père. En grandissant dans les coulisses de ce théâtre, ils vont y faire des rencontres inoubliables et surtout découvrir le monde magique des illusionnistes. Ce monde va particulièrement parler à Jerrold, dont la vie va être bouleversée par la rencontre avec le grand magicien Virgil Webb, qui va tout lui apprendre… mais qui sera également la source de la plupart de ses ennuis!
Malgré quelques petits défauts au niveau de la précision du dessin et un démarrage un peu lent, « Le Magicien de Whitechapel » se distingue surtout par ses personnages hauts en couleurs. Ce sont eux qui parviennent à donner un véritable supplément d’âme à ce récit initiatique. Que ce soient les truands, les gamins des rues, les filles légères ou bien sûr les magiciens, tous sont particulièrement bien croqués par Benn, qui prend un malin plaisir à animer tout ce petit monde. Soulignons également que le fait d’avoir situé l’action du récit dans les coulisses d’un théâtre est indéniablement une riche idée de la part de l’auteur belge. A noter que ce premier tome se termine d’ailleurs sur un fameux coup de théâtre (what else?) qui réoriente l’histoire dans une toute autre direction. On a hâte de découvrir la suite pour voir si la magie va continuer à opérer!
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