la fin la plus illogique de l'histoire de l'industrie du manga
(spoil de la deuxieme
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le 7 mars 2021
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Machinalement, j’établis les proximités graphiques quand elles me sautent à la rétine. Même une I.A n’est pas aussi performante. Je deviens le T-800 de la critique manga ; une ébauche d’esquisse en noir sur du papier blanc, et je vous situe un tracé. Si le coup de crayon de Jeux d’Enfants est correct – notez la retenue – on trouve, disséminés ici et là, partout au milieu des pages, quelques inspirations puisées dans l’encre de Takeshi Obata. Des emprunts patents dont on ne saurait décemment contester la parenté. Je vous parle de son crayonné du temps de Bakuman, avec des contours de visages plus rondelets et des regards enjoués. C’est-à-dire le pire dont il ait jamais été capable. Un sens du pire qui, je maintiens, reste correct. « Correct », avec tout ce que cela suppose de dédain gardé serré entre les dents. Jeux d’Enfants, après tout, on ne le lit pas pour ses dessins. Ni pour son scénario d’ailleurs. Encore moins pour la scénographie et tous les éléments qui s’y rapportent.
Mais bon sang, pourquoi on le lit, au juste ?
Pour en faire la critique, j’imagine. Afin d’avertir tout lecteur éventuel qu’un tel sentier, tortueux et désagréable, conduit inexorablement à une impasse. Je vous jure, mes abonnés avaient du vice plein le clavier en me recommandant des mangas pareils. Je dégaine, j’aiguise et je soupire. Allez, châtions, mes bons. C’est rien qu’un mauvais moment à passer. Mais un court moment ; car je n’irai pas au-delà des cinq premiers volumes pour me commettre auprès de sa suite. Après tout, si on chie déjà dans les hors d’œuvres, j’ose à peine imaginer à quoi sera fourrée la viande.
Au moins, ça commence vite et ne s’embarrasse pas de prétentions. Le personnage principal ne nous a pas été présenté, pose à peine son cul sur son siège, et la tête de son professeur explose. Succinct, synthétique – même surprenant tant tout s’orchestre si vite – Jeux d’Enfants s’augure sous les meilleurs auspices. Pareille lecture n’aura d’ailleurs pas été superflue, puisqu’elle m’aura conduit à sourcer une énième « inspiration » venue consolider ce fatras de plagiats qu’était Squid Game. Vous ne vous souvenez plus de Squid Game, hein ? Passé l’effet de mode, avec du recul dans la vue, on remarque que c’était finalement pas si grandiose. Suffit pas de taper lourdement dans le répertoire de Kaiji et Liar Game – entre autres Jeux d’Enfants – pour offrir du contenu.
Je vous prie de m’excuse, ma bile a débordé de l’œuvre que je critique. J’en retourne à mes admonestations d’usage.
La tête du monsieur explose, donc, et un Daruma impose d’emblée aux élèves un jeu de 1, 2, 3 soleil aux relents macabres. On part donc sur du Gantz imbibé d’Alice in Borderland. Les personnages meurent en série, c’est très sanguinolent, mais au final aseptisé tant la gratuité du procédé indiffère. Aucun des personnages jetés en holocaustes ne sont vaguement développés, ce qui, de facto, annihile le moindre enjeu susceptible de leur incomber. Si rien ne nous donne envie d’apprécier un personnage, tout ce qui pourrait être susceptible de lui nuire nous suggérera, au mieux, un vague haussement d’épaules.
Il y a pourtant de l’idée, et une bonne. L’auteur sait se jouer des codes étriqués du genre. Là où on se figure, instinctivement à force d’y avoir été conditionné, que les personnages au character design le plus élaboré seront ceux dont le parcours sera le plus long, ceux-là crèvent en série après qu’on se soit persuadé du contraire. Si ce n’est miser sur les deux protagonistes principaux, à savoir l’asocial plein de ressources et la mignonne innocente, rien n’est garanti pour le reste du cheptel, si ce n’est peut-être une mort brutale.
Les jeux ne sont alors pas franchement inspirés. 1, 2, 3 soleil, un chat géant qui écrase tout le monde, un jeu de devinettes les yeux fermés, une corde à sauter mortelle, ainsi que toute une autre flopée d’épreuves inspirées de jeux d’enfants japonais ; la thématique est sympathique, l’exhibition, sans grand intérêt. Et c’est de ça dont se sera « inspiré » Squid Game.
La résolution est souvent morne et plate, tombée comme une révélation soudaine que rien ne pouvait laisser suggérer. Ça tend vers le Mind Game pour au final ne faire que le singer. Mieux que ne savait le faire un Usogui, mais bien mal toutefois.
Bien que l’on fut en droit d’attendre des jeux requérant un certain sens de l’astuce, le tout s’accomplira sous l’égide des cris et des taches noires versées dispendieusement afin que nous sachions que beaucoup de sang a été versé. Oui, dans Jeux d’Enfants, vous y trouverez plus de sang que d’idées neuves. Et sans même que le gore – très puéril au demeurant – ne soit un brin satisfaisant comme cela pouvait être le cas dans Gantz. Jeux d’Enfants n’a même pas les ambitions d’une série B et s’en tiendra à la division C. C comme…. oh eh puis, j’ai la flemme de chercher ; d’autant que l’œuvre ne vaut pas franchement la peine qu’on se fatigue les méninges sur elle tant elle aura failli à nous les stimuler.
Qui aimera la tactique en trompe-l’œil parviendra peut-être à se satisfaire du rendu erratique d’un Jeux d’Enfants, mais qui, comme Nil9 et moi-même, recherche âprement du Mind Game à même de faire frémir son ciboulot, celui-là – ou celle-là, car il existe aussi des femmes intelligentes – s’en tiendra à la disette et rognera désespérément sur l’os sans y trouver un bout de viande. L’œuvre n’ayant par ailleurs rien d’autre à nous offrir, ne prenant même pas la peine de travailler ses personnages, vous ne lirez Jeux d’Enfants que pour ses épreuves et donc… pour rien ou presque.
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Créée
le 21 nov. 2024
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