Virtuose
Je n'aurais jamais pensé mettre 45€ dans une BD. Et encore moins pensé que je ne le regretterais pas. Chaque page est une merveille de graphisme et on a du mal à croire que l'auteur a démarré cette...
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le 6 déc. 2010
17 j'aime
Premièrement, l’originalité de cette bande dessinée réside dans sa forme : l’édition nous propose une approche différente de la lecture avec une prise en main différente, une couverture énigmatique, des planches remplies au maximum, avec parfois des superficialités, mais une inventivité graphique indiscutable. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le fond ne soit pas à la hauteur de l’aspect visuel, on se rend vite compte que c’est le contraire : les dessins clairs et précis sont mis au service de l’histoire, et nos yeux pourraient s’accrocher à des détails différents à chaque nouvelle lecture, tellement tout est bien pensé. Des éléments, pourtant d’apparence insignifiante, viennent se glisser entre les pages et se répètent, pour nous rappeler comme des souvenirs, si bien qu’à la fin de cette lecture, on se les remémore et on a l’impression d’avoir vécu une expérience ésotérique.
Du point de vue du scénario, ce livre semi-biographique relate l’histoire d'un homme à la vie monotone, enfant névrosé, exclu de la société et de toute relation sociale, qui ne réussit pas dans sa vie amoureuse et semble être représentatif d’une certaine catégorie médiocre. On est face à l’introspection d’un personnage mutique, constamment passif, ce qui a pour conséquence de déranger le lecteur. Au lieu d’extérioriser de façon violente les éléments de la société qui le détruisent comme dans le film fight club, il va l'intérioriser et développer des tocs. Le lecteur ressent des sentiments contradictoires : on se prend d’affection pour les personnages, et en même temps on sait qu’il se passe des choses horribles et impardonnables, que le lecteur entrevoit à travers l’ambiance cynique et malsaine (ex : superman qui se suicide). Le père dit notamment "à croire que tout le pays est un ramassis de malades mentaux maltraités dans leur enfance". On peut quand même voir des possibilités d'espoir, surtout au moyen du personnage de la demi-sœur noire.
Sa mère omniprésente dans l’esprit de son fils (un peu comme dans Le monde selon Garp de John Irving), mais pourtant absente physiquement, montre sa dépendance envers elle et est également caractéristique de son absence de repères. Mais l’absence qui se fait le plus ressentir est celle de son père, qui les a abandonnés lorsqu’il était petit. Ce livre nous rappelle les conséquences tragiques d’une enfance marquée par l'insuffisance d’amour, schéma que les pères reproduisent sur leur enfant. Bien que le père de Jimmy n’ait pas assumé ses responsabilités pendant des années, il l’invite la veille de Thanksgiving. Mais on se rend compte à la fin de son séjour que Jimmy n'a pas su voir les signes de gentillesse de son père, de peur d'être déçu, ses blessures psychologiques et son regret l’empêchant d’aller de l’avant.
Au-delà des sujets développés au sein de l’histoire principale, on peut également voir de la part de l’auteur une dénonciation d’autres sujets tels que la société de consommation et de la concupiscence à travers les personnages secondaires.
La définition de la métaphore sur le dos de la BD est représentative de la façon d’appréhender le monde selon l’auteur : "METAPHORE (metafͻr) n.f. vêtement ajusté en métal, généralement en fer blanc, qui recouvre entièrement le corps, gênant le mouvement et empêchant l’expression des émotions et/ou les relations humaines."
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