Voyage pour sa survie entre réel et imaginaire

Dans ce récit, nous suivons Joe, jeune adolescent diabétique qui traverse une crise d’hypoglycémie alors qu’un orage prive sa maison d’électricité. Il doit alors sortir de sa chambre, récupérer un soda dans la cuisine pour arrêter la crise, puis descendre à la cave pour ramener l’électricité chez luI. Et l’aventure, intérieure ou pas, chacun sera juge, commence : en lieu et place de sa chambre, Joe se retrouve en bordure de chemin, face à une file de personnages ressemblant étrangement aux jouets de sa chambre.
Le principal attrait de ce comics réside justement selon moi dans ces liens entre la maison de Joe et ce monde fantastique dans lequel il est transporté de façon incontrôlée. Les objets, les paysages et les actions qui prennent place dans un monde ont leur pendant dans l’autre. Au demeurant le scénario est assez classique, la quête du jeune héros pour sauver le monde, en accord avec une ancienne prophétie, le vieux mentor, les codes de la fantasy sont là. On navigue en terrain connu, mais le jeu de miroir entre les deux mondes amène son lot de surprises et de situations comiques. En toile de fond l’histoire familiale de Joe vient pimenter le scénario, et ajoute une dimensions sentimentale forte à cette aventure.
Le tout est illustré par Sean Murphy et merveilleusement mis en couleur par Dave Stewart. Rapidement dans l’ouvrage on a le droit à des planches sous la pluie grâce à l’orage absolument sublimes, on voit l’amour de Murphy pour cet élément. Le monde fantastique nous offre des planches de haute volée, de paysages grandioses ou de batailles épiques. Avec pour ne rien gâcher l’utilisation des jouets comme guerriers, ce qui donne des associations sur le champ de bataille bien marrantes et plaisantes. Le design du mentor de Joe finit de convaincre sur la qualité graphique du récit.
Point sympa de cette édition, on retrouve en bonus des planches de Murphy avec ses explications sur ses choix de découpage et d’éléments dans les cases, vraiment cool. Et voir ces planches en noir et blanc permet à la fois d’apprécier le trait de Murphy et l’apport des couleurs de Stewart, qui pour moi leur donnent un supplément de vie.