Pietro SCARNERA parle d'un sujet difficile, celui du coma après un arrêt cardiaque et de ceux qui restent.
Au fil des pages, cinq années se succèdent et avec elles, cette vie conditionnée aux visites à l’hôpital. Pietro raconte les lieux, ceux-là même que nous ne découvrons normalement que pour un laps de temps défini, une maladie, une maternité, un accident. Et pourtant là, ils deviennent lieu de vie. Son père est dans le coma et va changer de services mais reste entre ces murs impersonnels. La chambre, les couloirs, la salle à café, la salle d'attente. Ce sont les gestes de gène, de tristesse, puis la prise d'habitudes...
C'est aussi un corps, des mesures thérapeutiques de survie. Un corps différent de l'homme vivant. Où est donc le papa? Est-il coincé dans ce corps? Est-il déjà mort? Tout est mis en place pour le tenir dans son état, pour croire en une amélioration... c'est une attente de la famille épiant chaque détail... le mouvement des yeux... et une succession de prise en charges médicales.
C'est de cette attente qu'il s'agit. De l'état végétatif qui n'est pas la vie. Une attente de récupération voire de réadaptation, une attente d'avis médicaux plus francs, une attente de la mort.
Il est aussi question, bien-sûr, de la relation du fils au père. Le retrouver dans ce corps inerte, le retrouver aussi sans corps, retrouver ce qui fait de l'homme le papa. Des objets mais aussi des gestes, des mimiques... une reprise de la mémoire.
L'auteur nous parle là de sa vie et tous les détails donnent de la texture à ce témoignage. La bande dessinée aux bulles faites de détails, et non de pathos, est suivie d'autres témoignages sur le coma, l'attente des familles, le choix des victimes sur leurs lits.