Déjà remarquablement accompli en cours de tome 1, Theo se hisse à des sommets graphiques dans ce 2ème opus, plein de sang, de stupre, de marbre et d'acier. Rien ne semble lui poser de problème : ni les chevaux, ni les villes grouillantes de monde, ni les banquets somptueux... tous ces écueils redoutables accumulés là par un scénario aux dents longues. Bref, un art admirable. Et Jodorowski n'a pas perdu la main et s'en donne à cœur joie avec son Pape terrible, fou à lier, délirant, avide et insatiable. Tout à fait le genre de personnage dont il raffole, sorte de Technopère privé de ses jouets futuristes. Il faut dire que l'histoire était déjà à la hauteur du mythe... en ces temps-là (déjà), les ambitieux ne reculaient devant rien et leurs ennemis rivalisaient de vice avant d'agoniser dans d'horribles souffrances. Il y avait bien là de quoi nous proposer une saga sanguinaire, à la Game of Thrones, mais sans les dragons. Machiavel s'y régale à attiser les brasiers politiques, tandis que tout le monde succombe aux tentations de la chair. Vous êtes prévenus, ça défouraille sec, au sens figuré, bien entendu.