Mea Culpa

Lors des vacances de noël, j'ai eu l'occasion de travailler dans la librairie d'un ami.
Pour bien préparer les fêtes, lui et sa femme ( et ses employés, ne les oublions pas ! ) avaient préparé une petite liste dans lesquels on pouvait retrouver les coups de cœur de la librairie.
Le but était bien sûr , à nous, de lire une bonne majorité des livres de la liste pour pouvoir les conseiller à la clientèle qui aimerait avoir un avis précis sur tel ou tel titre.
Et j'ai pris plaisir à lire une bonne partie de celle-ci à l’exception de 2 titres : le culottés de Bagieu (oui comme ça par rebellion même si , je vais devoir m'y mettre) et le Juliette de Camille Jourdy
Pour Juliette, c'était vraiment une question de goût, un espèce de recul craintif dû à un dessin que je trouvais trop acidulé et qui me donnait l'impression d'être plus axé pour un public féminin.
J'étais pourtant attentif à ce que disaient mes collègues du titre, je me rappelle même d'une chouette discussion avec une cliente sur le dessin notamment et sur les goûts de chacun à ce sujet mais rien n'y a fait , je restais butté dans mon ignorance.
Car au final, peut on juger un livre sans l'avoir lu ? Sur quelques pages et une impression faussée par des goûts propres ? La réponse est bien sûr non et le pire, c'est que je le sais très bien.

Ainsi, les semaines ont passées, le père noël a fait sa tournée dans tous les foyers, j'ai repris mon petit train train habituel et en cherchant quelques livres à lire à la bibliothèque, je retombe sur l'oeuvre de Camille Jourdy.
Ce jour-là, il n'y avait pas grand chose d'autre à se mettre sous les dents, du coup, ma curiosité prend le dessus et je l'empreinte.
En rentrant, je le feuillette vite fait et décidément, je n'arrive pas à me faire au dessin.
Puis , j'attaque la lecture et là je tombe directement dedans. J'engloutis les pages une par une et chaque moment passé avec Juliette et son entourage me font comprendre que j'ai failli bêtement passé à côté d'une oeuvre majeure de l'année 2016.
Juliette m'est tout de suite sympathique mais pas qu'elle. Tous les personnages sont attachants, ils sont humains avec leur faille et attachant car au fond, ils se comportent comme nous.
Le ton qu'adopte Camille Jourdy est d'une grande finesse. Pourtant avec un personnage un poil dépressif , un amoureux transis, un père cynique, une mère baba cool et une sœur en pleine crise d'adultère , on aurait pu vite tomber dans le pathos et le larmoyant gluant.
Mais à aucun moment, l'auteur tombe dans le piège, elle n'en fait jamais trop. D'ailleurs, elle ne cherche pas à régler les failles de ses personnages.
La vie n'est pas aussi simple et avec ce récit, on a juste un petit bout de la vie de Juliette et de sa famille.
Un simple moment de vie bourré d'émotion, d'humour et surtout de beaucoup d’humanité.

Et vous savez quoi ?
Bah au final, je l'aime bien le dessin de Camille Jourdy.
Il est à l'image de son histoire, foisonnant, chaleureux et surtout il ne laisse pas indifférent.

La marque des grands auteurs.