Encensé par la critique, je me devais de lire le dernier livre de Camille Jourdy, « Juliette ». Sous-titré « Les fantômes reviennent au printemps », le bouquin fait le récit du retour de Juliette dans sa province natale. Place à la famille et à ses personnages hauts en couleur ! Le tout pèse plus de 220 pages et est publié aux éditions Actes Sud.
On ne saura pas grand-chose de Juliette. Elle habite à Paris. Ce qu’elle y fait ? Ce n’est pas bien clair. Reste qu’elle est angoissée, réputée fragile et qu’elle espère se ressourcer un peu dans sa famille. Sauf qu’entre un père qui ne lâche pas un mot, sa mère artiste excentrique et sa sœur qui s’est pris un amant, rien n’est simple…
Là où Camille Jourdy réussit son livre, c’est dans sa galerie de personnages. Ils sont nombreux et attachants. Au fur et à mesure des pages, ils s’affinent et leur côté caricatural s’estompe. Les liens entre eux, leurs engueulades, leurs histoires… Tout est plein de justesse et de sensibilité. « Juliette » traite avant tout des relations humaines et sur ce plan c’est une réussite.
Là où le bât blesse, c’est sur l’intrigue. En soit, plusieurs fils rouges sont lancés par l’auteure sans que l’on ne résolve vraiment quoi que ce soit. À la fin du bouquin, une interrogation demeure : pourquoi ce livre ? Car si les personnages sont réussis, on se retrouve finalement avec un instantané de vie et c’est tout. La révélation apportée, les moments de rupture n’apportent finalement pas grand-chose et nous laisse sur notre faim. Qu’a voulu dire l’auteure ? Peut-être rien. On aurait aimé que ce retour en province, avec tout ce qui s’y passe, amène Juliette à un changement, même mineur. Camille Jourdy nous laisse un peu seuls dans les dernières pages décider de la destinée de ses personnages.
La longueur du livre, si elle apporte au niveau de la construction des nombreux personnages, fatigue également un peu en lecture. En début d’ouvrage, on ne peut pas dire que les péripéties s’enchaînent et j’ai dû m’y prendre à deux fois pour terminer l’ensemble. Surtout que le livre est dense dans ses cases.
Le dessin ne m’a pas vraiment séduit. Il est doux, simple, tout en couleurs pastel. Les cadrages sont toujours un peu les mêmes et l’auteure se plait à dessiner comme dans l’animation. Les nombreuses cases décrivent le mouvement, parfois à l’excès. Cela ralentit la lecture et n’est pas toujours pertinent. Cependant, le trait s’adapte au propos. L’histoire est avant tout construit sur les relations entre les personnages et leurs discussions.
Ce « Juliette » est un livre frais sur les relations humaines (et notamment familiales). Il souffre un peu de ses lenteurs et de sa longueur. Et à ne pas vouloir dramatiser l’histoire, on reste un peu sur notre faim. Finalement, nous aussi on aurait aimé que Juliette parle un peu plus. Car en fin d’ouvrage, on ne sait pas trop ce qu’elle va devenir.