Vendu à l'époque (2004) comme le nouveau Watchmen, Identity Crisis s'en inspire beaucoup pour l'ambiance comme pour certaines scènes, c'est certain. Donc normalement je devrais râler "raaah, ils font que copier, et puis c'est trop daaaaark, et puis pwet" mais en fait non car primo la première fois que je l'ai lu, j'étais encore un peu un noob en comics, et secundo c'est vraiment très bon.
Le décor est très vite planté avec la mort de la femme d'Elongated Man (un ancien membre, fondateur même, de la JLA), sauvagement assassinée. Et à partir de là, les joyeusetés ne vont cesser de s'enchaîner, puisqu'on va avoir droit à des flash-backs remplis de mensonges, d'un viol, et de trahisons à l'intérieur même de la JLA.
Le scénariste (qui est romancier à la base) instaure une narration bien particulière et très prenante. Car la réussite de Identity Crisis réside avant tout dans le fait que c'est une excellente histoire, passionnante jusqu'au bout. J'ai donc été bien pris par les évènements et n'ai même pas réfléchi, pendant ma lecture, si la noirceur des évènements n'était pas trop accentué par rapport aux persos de DC. Post lecture, je pense que non, car le tout est très bien amené, de manière crédible par rapport à l'univers décrit; mais ça reste un jugement très personnel. J'imagine que la "relecture" (un bien grand mot dans ce cas) de la période du Silver Age a dû en emmerder certains. Et je les comprends tout à fait, mais ça ne m'a pas choqué personnellement.
Les planches de Rags Morales sont, en plus, sublimes. Ce mec a un putain de talent pour faire ressortir des tas de chose avec une simple case. Que ce soit en terme d'émotions ou de narration.
Et, cerise sur le gâteau, ce comic réserve un traitement tout spécial au personnage de Batman (qui est le plus génial de tous les personnages de comics du monde, rappelons-le).
Pendant toute la première moitié du récit, Batman n'apparait pas physiquement. Et pourtant sa présence se fait bien sentir (à travers certains dialogues, certaines allusions, des détails d'iconographie...), il est comme une ombre prête à fondre à chaque instant, et rien que ça nous prouve que l'auteur à tout compris au perso. Il n'y a pas que ça de bat-génial dans cette histoire, mais il suffit de dire que rarement le Dark Knight aura été aussi bien cerné dans un crossover, et que sa relation avec la JLA vient d'en prendre un gros coup, vu qu'il est au cœur de la fameuse trahison, et pas forcément dans le rôle où on l'imaginerait.
Le dénouement de l'histoire reste un peu décevant. Je lui reproche surtout un manque de cohérence avec le reste de l'histoire, en termes de narration et de thématiques. Il y a plus un côté épilogue qu'autre chose.Bonus final, même si l'histoire aura des conséquences sur l'univers à travers plusieurs publications, j'aime beaucoup le fait qu'Identity Crisis puisse se lire assez indépendemment du reste, vu que c'est une bonne histoire, avec un début et une fin.