Un crossover qui m'avait beaucoup fait rire à son annonce. Sincèrement c'était ça la grande idée de la distinguée concurrence comme premier event à son Rebirth? Et finalement je me suis pris au jeu, m'attachant à cette Suicide Squad avec ses deux premiers tpb, observant l'animosité grandir entre Batman et Waller dans la série Tom King, et désespérant de lire une bonne histoire Justice League quand de tout évidence leur ongoing serait incapable d'en proposer. Finalement, j'avais envie de le lire ce crossover entre les deux équipes, même si je prévoyais toujours le pire en terme de niveau.
L'un des gros défauts de l'album, comme souvent avec ces events des Big Two préparés à l'arrache, est l'inhomogénéité graphique. On commence par le très compétent Jason Fabok qui s'est fait un nom depuis la Darkseid War et même si je ne suis pas un fan c'est propre et joli. Et après son départ précoce (il doit avoir max trois épisodes seulement), on passe par tout une valse de noms. Graphiquement c'est décousu, souvent c'est moche. A partir de ce constat, il me parait très difficile d'apprécier la seconde partie de l'oeuvre, d'autant que la menace généralisée se voit doter d'un des designs les plus laids que j'ai vu depuis longtemps.
Au scénario, ce comics se targue d'une structure classique. Un team-up à l'ancienne comme je les aime, qui me semble ô combien préférable à la déferlante d'events Marvéliens où les héros s'affrontent entre eux.
La JL est informée de l'existence de la Task Force X. La JL décide d'aller combattre la Task Force X. Mais dans l'ombre, une menace grandit et bientôt les deux équipes vont devoir unir leur force pour la défaire. C'est simple, c'est net, et en théorie ça peut donner un comics mainstream pop corn plaisant.
Et d'ailleurs les 100 voire 150 premières pages font le taf. On a départ une petite introduction qui reprend par exemple l'épisode 8 de Suicide Squad pour réintroduire le personnage de Killer Frost, puis une petite mission tranquille pour l'équipe de Waller. Et ensuite on a l'affrontement avec la JL avec des duels one à one pour la plupart réussis. C'est de la lecture facile, on peut aller des comiques Flash vs Boomberang, Killer Croc vs Aquaman, Harley vs Diana aux plus ternes et sérieux Batman vs DeadShot et Killer Frost vs Cyborg.
Le premier élément surprenant n'est autre que
la victoire de la team Waller avec un premier grand moment pour Caitlin
On rentre alors dans le second tiers de l'oeuvre. Il s'agit alors d'appréhender la menace, de la comprendre. Et déjà ça se gâte. On a l'idée archi classique des lost members, qui correspondent à la proto-squad de Waller. Je ne suis pas contre l'idée en soi. Mais la mission racontée en flash back manque sérieusement de consistance et de panache. Et outre leur évasion au premier épisode, on a un manque sérieux de quantification de la menace à mon sens. On ne sent pas la peur monter chez Waller, on ne les sent pas se rapprocher et prendre à la gorge nos héros. A l'inverse, ils débarquent en touristes pour les besoins du scénario et très rapidement ils tombent dans l'oubli pour céder leur place au boss final moisi. De leur combat contre les deux team réunis je ne retiens pas grand chose, si ce n'est une Katana dont les prouesses physiques et son mutisme en combat continuent d'en faire un personnage fascinant pour cette suicide squad. Après 10 épisodes, on ne sait pratiquement rien d'elle, et pourtant elle est toujours présente pour intervenir aux moments décisifs.
Le dernier tiers est quant à lui un ratage total. On nous sort un cristal éclipso bien nul, une Justice League grossièrement écartée pour ne pas faire de l'ombre (éclipse, ombre, blague drôle) à la Suicide Squad, une épidémie mondiale à laquelle on ne croit pas une seule seconde. Et batman sauve le day en formant ce qui constitue la version 0.5 de la future Justice League of America qui suivra ce crossover.
A l'arrivée que retient-on de ce crossover. Beaucoup seront tentés de répondre "rien". Je serai plus nuancé car je pense qu'on peut trouver sympathique la recontre entre les deux équipes. Mais le grand gagnant de l'oeuvre se prénomme Killer Frost, découvrant tout au long des 300 pages le chemin de la rédemption. De son introduction dans la Task Force, sa frayeur de Waller, à son acte héroïque, en passant par les dialogues touchants avec Sup et dans une moindre mesure Victor, le personnage prend toute la lumière et toute la chaleur de ce tome. La manière dont elle échappe à l'infection est aussi bien amenée, un peu excessive certes, mais pleine d'espoir. D'ailleurs l'épisode Killer Frost Rebirth, très touchant, aurait dû servir d'épilogue à l'album. Il sera probablement en prologue de la série Justice League of America.