Le terme roman graphique n'aura jamais été mieux utilisé qu'ici.
Dans l'écriture on est plus proche du roman que du manga traditionnel.
L'auteur propose une vision particulièrement violente de la lutte des classes à travers le prisme du japon féodal dans un premier tome de 1500 pages ou les dialogues et annotations ont une importance capitale dans la compréhension du contexte historique et du scénario.
Divers sujets sont abordés comme la corruption des élites, les guerres intestines de pouvoirs, l’impôt écrasant et la répression violente des révoltes paysannes.
Les descriptions sont particulièrement étoffées et documentés, cela va de différentes révolutions dans les modes de productions grégaires que dans les sévices et punitions infligés à ceux qui osent tenir tête à un système injuste et solidement enraciné.
Tous ces thèmes sont au service d'un scénario prenant, qui nous propose un large éventail de personnages qui font tous plus ou moins parti du camp des opprimés.
On suit également sur quelques chapitres les turpitudes d'un loup blanc, chapitres sans paroles ou l'auteur nous décrit les rites et différents fonctionnement du monde des canidés, petite parenthèse qui est loin d'être inintéressante.
En ce qui concerne la "petite" histoire, on retrouve 3 personnages prisonniers de leurs castes, qui feront tout pour s’émanciper, lassés de voir que leurs pairs sont broyés par un système injuste contrôlé par une oligarchie gangrenées.
Les principales castes mis en lumières sont ;
-La caste des samurais et ninjas qui ont en commun l’obéissance à un code de conduite rigide.
Ils sont ’’ le bras armé’’ des seigneurs, ils ont pour traits commun le sens du sacrifice et une dévotion totale
-Les paysans et domestiques non éduqués, qui vivent dans des conditions précaires souvent victimes de l'abus des dirigeants du fief.
-Les parias équivalent des intouchables indiens, ils sont considérés comme non humain, n'ont pas le droit d'avoir un logement, ils sont au ban de la société et se chargent des sales besognes tel que l’équarrissage des animaux mort ou la mise à mort des paysans rebelles.
Leurs conditions et leurs basses besognes permettent aux dirigeants d'attiser une haine réciproque entre parias et paysans, tout cela en vue de maintenir leurs assise au pouvoir.
On retrouve trois personnages centraux que sont le paria Kamui (qui donne son nom au manga), le samurai Ryunoshin et le domestique Shosuke.
Ces personnages ont la particularité de vouloir poursuivre un rêve qui ne peut être atteint qu’à travers leur émancipation personnelle, voir pour certains d’entre eux l’éradication des castes tout court.
-Ryunoshin est issu d’une illustre lignée de grand guerrier, il devra abandonner malgré lui la voie du sabre et devra vivre en fugitif suite à la trahison qu’a subi son clan.
-Shosuke brisera un premier interdit en apprenant à lire ,le savoir sera son arme principal dans la poursuite de son rêve de voir le jour se lever sur un monde plus juste et égalitaire.
-Kamui est une tête brulé, un personnage plus classique de manga qui tentera de devenir plus fort et qui se trouvera également prisonnier de nombreux interdits.
C’est une œuvre dense et monumentale illustré modestement avec une écriture particulièrement exceptionnel.
Parfois on atteint des sommets d’écriture comme cette scène ou l’auteur pour nous expliquer que la vie s’échappe du corps d’un personnage pendu par les pieds, l’auteur fait le choix de se focaliser sur les poux qui s’échappent dû à la chute de la température du corps.
Magistral.